Interview de Nicolas LESUR – Unilend – 8 mars 2016 à 20h15

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J’ai eu le plaisir d’échanger avec Nicolas LESUR, fondateur d’Unilend, mardi 8 mars 2016 à 20h15. Ce fut aussi l’occasion pour les lecteurs de ce blog de lui poser leurs questions sur la plateforme mais aussi sur le marché du crowdlending en général. Vous pouvez visualiser le replay

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Vincent Ricordeau (Lendopolis) le 9 février 2016

Thomas de Bourayne (Credit.fr) le 12 janvier 2016

Olivier Goy (Lendix) le 9 novembre 2015

 

Retranscription écrite de l’interview

M : Bonjour Nicolas !

N : Bonjour Mathieu !

M : Bonjour à tout le monde ! Comme d’habitude, si vous pouvez nous mettre un petit message sur le chat pour nous dire si vous nous entendez bien et si ça fonctionne… Et bien, il y a déjà, donc c’est parfait. Très bien, on peut y aller ! Donc, Nicolas, merci d’avoir accepté l’invitation.

N : Merci beaucoup de m’avoir invité et bravo pour ce que tu fais aussi. Je l’ai dit entre nous, mais là, je le dis publiquement, donc, voilà.

M : Merci. Et, c’est vrai que tu m’avais déjà répondu par écrit il y a quelques mois maintenant, parce que ça date un petit peu, ça avait bien plu aux lecteurs et du blog et du forum, donc je pense que ça va être plus sympa à l’oral. Alors, pour commencer, est-ce que tu peux juste revenir un petit peu sur ton parcours à toi, qui tu es, comment tu es arrivé dans le crowdlending, comment tu as eu cette idée parce que finalement, tu étais le premier en France ? Et puis, nous parler un petit peu d’Unilend, pour qu’on replace le sujet avant d’attaquer sur le reste.

N : Oui. Alors, donc, moi, pour ceux qui ne me connaissent pas, je m’appelle Nicolas LESUR, je suis fondateur d’Unilend. Avant de fonder Unilend, en fait, pendant 15 ans, j’ai travaillé dans des banques et des sociétés de gestion. Donc j’ai travaillé 2 ans chez BNP Paribas comme gérant de fortune, après j’ai fait 6 ou 7 ans chez Neuflize OBC comme directeur du marketing, et après j’ai travaillé 6 ans dans une société de gestion qui s’appelle la Financière de l’Échiquier, là encore comme directeur du marketing. Et en fait, j’ai eu cette idée avec mon associé, effectivement, il y a déjà plus de 4 ans. Ça me parait très très loin, même si ce n’est pas si lointain que ça. Mais dans notre métier qui évolue très vite, ça parait très lointain. En fait, c’était à Noël 2011, et mon associé m’a parlé de monter une entreprise à nous, pour des raisons diverses et variées, et on a… Je regardais le crowdfunding plutôt à l’époque, c’était quand même très tourné vers la culture. C’était plutôt l’époque « My Major Company » tu vois, ou Kisskissbankbank. Il n’y avait pas beaucoup de choses qui finançaient les entreprises. Et puis, en se baladant sur des sites anglo-saxons, on a vu un certain nombre de choses qui nous donnaient cette idée. Après, on a passé, en fait, concrètement, pratiquement toute l’année 2012 en réflexion sur notamment le sujet principal à l’époque qui était le modèle juridique et légal. Il y a 4 ans, tu es à l’hiver 2012, pas de réforme du crowdfunding à l’horizon, parce que tu es sur une autre majorité politique et que ce n’est pas le sujet, parce que personne ne sait ce qu’est le crowdfunding, sur autre chose que de la culture, on va dire ou presque. Et puis, tu es dans un pays où quand même tu as le monopole bancaire, c’est une des particularités françaises très fortes. Le monopole du crédit en France, ce n’est pas quelque chose qui est aussi répandu dans les autres pays européens, l’Espagne, l’Italie, il n’y a pas ces sujets-là par exemple, en Angleterre non plus. Et donc, on a passé beaucoup de temps avec notre avocate à l’époque et puis ensuite avec la CPR à élaborer le modèle. Pour la petite histoire, on avait même imaginé au départ de faire ça avec des obligations. Mais ça posait d’autres questions parce que c’est très compliqué de faire des obligations, voire impossible pour des SARL, qui sont quand même le cœur des entreprises que l’on permet de financer. Et en fait, à l’époque, le vrai sujet ce n’est pas tellement… on a eu cette idée de faire ça à travers les bons de caisse, ce qui nous a permis de faire émettre des titres de créances à des entreprises, et en fait, on a beaucoup surtout passé de temps sur les problématiques de flux, de flux de paiement, parce qu’il y a aussi le monopole des paiements. En fait, c’est là-dessus qu’on a pas mal travaillé pour imaginer comment on allait opérer les prêts, la gestion des flux, des remboursements, etc. Ensuite en 2013, on a passé l’année à travailler une fois qu’on avait à peu près arrêté le modèle juridique sur la conception du site, de la plateforme, etc. On a ouvert au mois de novembre 2013. Entre-temps, on avait fondé l’entreprise, on avait mis de l’argent personnel. Peu après l’ouverture, on a fait une première levée de fonds, qui pour nous était importante parce qu’elle validait le fait qu’on avait créé un marché et créé un produit qui fonctionnait, puisqu’à l’époque, on avait levé ou « financé » que « 1 million d’euros d’entreprises », mais c’était une première en France. Donc ça nous a permis de montrer que ça marchait. On a fait une première levée de fonds de 1 million d’euros, un petit peu plus, et puis on a continué notre développement. Ensuite, un an après, il y a les petits camarades qui ont commencé à arriver, et à ce moment-là, on a pu lever un petit peu significatif, encore, il y a un an maintenant, un peu plus de 8 millions d’euros. Au total, on est maintenant à une vingtaine de collaborateurs. Depuis le début, il y a eu 9,5 millions d’euros de capitaux propres injectés dans l’entreprise pour assumer son développement. Et pour donner un ordre d’idées, sur la vingtaine de collaborateurs tu as aujourd’hui, 5 ou 6 personnes à la technique, donc qui s’occupent de la plateforme. Tu as 2 personnes à l’analyse de risque de crédit, on sera bientôt 3 d’ailleurs. Tu as 2 personnes qui s’occupent du risque opérationnel et des finances. Le risque opérationnel, c’est tout ce qui n’est pas risque de crédit en fait : le risque du système, la problématique de paiement, la problématique réglementaire. C’est un peu notre compliance à nous, la conformité, etc. On a 3 personnes au marketing, 4 personnes au commercial relation emprunteur, et puis Sabine, notre directrice générale déléguée, qui nous a rejoints au mois de septembre et moi. Voilà un peu le paysage.

M : D’accord. OK. J’ai vu que vous étiez maintenant inscrits à l’ORIAS en tant qu’intermédiaire de financement participatif.

N : Oui, alors en fait, c’est intéressant parce que quand la réforme est entrée en vigueur, il y a pas mal de gens qui se sont demandés : « Pourquoi on n’était pas devenu IFP ? » La réponse, elle est très simple. C’est qu’on avait pu exercer avant sous une autre forme, et on n’a pas laissé citer à l’époque de changer de forme si tu veux, puisque ça fonctionnait tel que ça fonctionnait. Donc, c’est vrai que quelques-uns se sont posé des questions, nous, c’était un outil si tu veux, le bon de caisse était parfaitement adapté à notre cible et à l’activité qu’on visait. C’est-à-dire qu’on finançait des petites entreprises par émission de créances, un bon de caisse, quelques caractéristiques qui sont assez bien, en tout cas à l’époque, puisque c’est en train d’être remodelé, mais qui était très pertinentes. C’était avoir au moins 3 exercices comptables. C’est rare que ce soit pertinent ou souhaitable de faire du crédit quand tu as moins de 3 ans ou moins de 3 exercices. Un titre qui pouvait être émis par toute personne commerçant, donc c’est tout à fait possible. Donc, nous, on avait quelque part, pas besoin de ce statut d’IFP alors que par ailleurs, on a aussi un statut agent prestataire de service de paiement qui donnait un certain nombre de garanties sur notamment la gestion des flux, sur la gestion de ce qu’on appelle dans le jargon, la connaissance du client, le fameux « know your customer », la lutte antifraude, anti-blanchiment, enfin ! Pour la petite histoire avec notre prestataire de service de paiement, on a une quinzaine de procédures qui font partie de nos contrats de prestation qui vont justement de cette procédure d’entrée en relation à la procédure de sécurité de système d’information, le plan de continuité de l’activité, le plan de reprise de la plateforme. Évidemment, ça n’arrivera pas, mais si demain, Unilend devra faire faillite, le portefeuille de l’ensemble des clients est repris contractuellement par notre prestataire de service de paiement, etc. Et nous, quand on a vu le nouveau statut d’IFP, c’est un statut qui est beaucoup plus large dans le champ des possibles que ce qu’on fait aujourd’hui. Il se trouve que beaucoup de plateformes font une activité très voisine de la nôtre. Mais, fondamentalement, avec le statut d’IFP, on pourrait tout à fait imaginer, si tant est que ce soit rationnel économiquement, de faire une plateforme qui finance les études des gens, de faire une plateforme qui finance les professions libérales. Parce que nous, on ne peut pas faire avec le bon de caisse. En gros, tu peux faire des trucs avec le statut d’IFP, mais on n’avait pas la volonté de le faire, ce qu’on avait nous convenait, voilà. Pour reprendre le début de ta question, on s’est enregistré à l’ORIAS en tant qu’IFP à la fin de l’année dernière, pour être tout à fait transparent, mais je pense que tu le sais et les lecteurs du blog le savent aussi, c’est qu’il se trouve qu’à la fin de l’année dernière, il y a eu une disposition de droit fiscal qui a été votée et qui permet de déduire les pertes en capital et les intérêts reçus pour les prêts qui sont consentis à travers les IFP. Donc, on s’est dit que c’était quand même dommage que nos prêteurs ne bénéficient pas de cette mesure, donc, désormais, jusqu’aux mille premier euros, puisque c’est le plafond par prêteur, par projet quand tu es IFP, les prêteurs personnes physiques qui sont clients peuvent bénéficier cette mesure. Donc, c’était surtout pour nos prêteurs qu’on a fait ça, quoi.

M : D’accord, OK. On reviendra sur les avantages de ce statut, sur l’analyse de risque notamment le fichier FIBEN. Juste avant d’arriver sur l’analyse de risque et tout ça, je veux juste que tu me donnes ta vision du crowdlending d’aujourd’hui et ta vision du crowdlending de demain. C’est ce que je demande à tous les patrons de plateforme. Quel est ton point de vue là-dessus ? En France, notamment.

N : Si tu l’as demandé à tout le monde, je n’ai pas de chance d’être très innovant. Écoute, aujourd’hui, c’est assez paradoxal vu la situation. C’est-à-dire que pour être très franc, tu as énormément de plateformes qui se sont annoncées ou créées. Je crois qu’à l’ORIAS, tu as peut-être 80 IFP, et dans les faits, je n’ai peut-être pas compté jusqu’à la dernière à ce soir, mais j’ai l’impression qu’il y a une douzaine de plateformes qui ont déjà financé un projet, et qu’il y en a peut-être 5 qui en ont fait pour plus de 1 million d’euros ou grosso modo. Tu as à la fois l’impression qu’il y a beaucoup de monde, et en fait, tu as quand même assez peu de monde finalement qui commence à avoir une petite taille. Mais je pense que c’est normal, c’est un moment de démarrage, tu vois. La règlementation a donné plein d’idées, tout le monde a eu la chance, je ne sais pas quoi, de démarrer avant, mais avec la règlementation tu as de nouveaux acteurs qui sont rentrés. Donc c’est très bien pour le marché puisque c’est toujours plus compliqué de faire un marché tout seul. Il vaut mieux être plusieurs, surtout sur un truc aussi nouveau et aussi sensible que l’argent en France. Mais, j’ai l’impression que c’est quand même un marché qui est très difficile, il faut dire ce qui y est. Quelquefois, on a l’impression que c’est un joli petit site internet et puis que tu claques les doigts pour que les choses se fassent. Ce n’est pas tout à fait aussi simple que ça, c’est de l’euphémisme. Aujourd’hui, voilà la situation ! Je pense que les choses vont évoluer quand même très vite parce que déjà depuis un an, ça a beaucoup bougé. À mon avis, il y aura… je ne veux pas jouer l’oiseau de mauvais augure ni le chat noir, mais je pense qu’il y aura probablement des plateformes qui vont s’arrêter ou qui vont peut-être fusionner, je ne sais pas, enfin. Tu vois, parce qu’il y a quand même un niveau de volume qu’il faut faire pour pouvoir assumer les couts d’opération de ces plateformes. C’est des couts assez importants parce qu’il faut une grosse infrastructure technique, il faut de grosses capacités d’analyse, il faut une grosse capacité de gestion client. Donc il y a quand même des couts à mettre en face. Donc, si tu me demandes pour dans quelques années, il y aura probablement comme dans d’autres segments du crowdfunding, là-dedans, il y a 2 plateformes qui font 98 % du marché, dans les petits, c’est pareil. Peut-être que dans le prêt, ils ne seront peut-être pas 2, ils seront peut-être 3, je n’en sais rien, mais il n’y en aura pas 15, quoi, il n’y en aura pas 100. Je peux me tromper hein, mais je ne vois pas ça par exemple le marché de société de gestion de portefeuille, où tu en as 500, qui vivent avec des tailles différentes, mais qui vivent finalement assez bien.

M : Tu penses que ce marché-là peut atteindre plusieurs milliards d’euros ?

N : Ah oui, je n’en ai aucun doute là-dessus. Alors là, pour le coup, si tu veux, ce qui est vrai aussi si tu veux, il a le paradoxe à nouveau. Évidemment, comme tu as eu une réforme, beaucoup de bruits autour de ça, beaucoup de couvertures dans la presse, etc., ça suscite énormément d’attente. Et puis, comme en parallèle, nos petits copains anglais ou nos petits copains américains qui sont partis beaucoup plus tôt, ils en sont à des chiffres qui sont stratosphériques pour nous, on se dit, finalement, la France, elle est à la traine. Sauf que, si tu regardes la date de démarrage, on n’est pas très loin de ces marchés-là. Donc, il faut nous laisser le temps aussi. On ne va pas passer du jour au lendemain de 15 millions par an à 200 millions ou un milliard par an, ça ne va pas se faire en une année. Mais si tu veux, aujourd’hui, je sais, j’ai déjà regardé l’interview de Vincent, c’est des maths hein ! Tu fais fois 2 sur quelques années, dans 5 ans tu es au milliard sans aucun problème si tu veux. C’est normal parce que, si tu veux, il y a à la fois… Tu as d’un côté l’épargne financière des ménages en France, c’est 4 500 milliards d’euros à la grande louche. Donc, si tu veux, avant qu’on en prenne un bout significatif, il va se passer du temps, mais il y a de la place, et de l’autre côté, les besoins de financement des entreprises auxquelles on s’adresse, on parle de plusieurs dizaines de milliards d’euros par an. Et, fondamentalement, ma conviction c’est qu’on n’est pas en train de prendre des parts de marché aussi petites soit elles sur les crédits de fond des banques, on fait des choses en plus. Ça ne veut pas dire qu’on s’adresse à des entreprises qui ne sont pas financées par les banques, mais on sert des besoins qui sont mal servis. Et donc, on va plutôt étendre le marché du crédit en croissant que de prendre de la part de marché aux acteurs existants et implantés, tu vois.

M : OK.

N : Tu vois, typiquement, les types de projets qui sont financés sur une plateforme comme Unilend, c’est des projets qui sont vus dans les banques comme des projets dits d’exploitation ou de trésorerie parce qu’ils font rarement… enfin, ils ne font pas l’objet chez nous, d’une prise de sûreté. Et donc, typiquement, pour une banque, c’est très compliqué de financer ça, non pas parce qu’ils sont… ce n’est absolument pas une question de compétence, c’est essentiellement prudentiel. C’est-à-dire qu’un crédit que tu fais qui ne ferait pas l’objet de prise de sûreté, premièrement, tu ne peux pas le refinancer auprès de la banque centrale. En terme de cout du risque, il coute très cher. Il faut imaginer qu’un crédit moyen sur une plateforme comme Unilend, c’est 80 000 euros. 80 000 euros dans une banque, tu vas prendre, allez, 50 points de base de marge là-dessus. Je te parle que du crédit, je ne parle pas de la vente des trucs à côté, hein, mais juste sur le crédit. Donc, tu vas faire 400 euros de produit net bancaire, comme on dit. Et donc, avant que ce soit une activité rentable en tant que telle, c’est impossible entre le cout du risque, le cout des fonds propres, le cout de l’agence, du conseiller, des engagements du back-office, etc., c’est impossible. Donc, si tu ne peux pas le refinancer à la banque centrale, tu as du mal à le faire. Évidemment, elle le fait régulièrement, mais pas de manière structurée parce que tu as un client avec lequel tu vas avoir une relation globale, tu sais que tu vas lui vendre des paiements, des assurances, enfin, un tas de choses à côté, peut-être le patrimoine du dirigeant, etc. Tu vas un peu le faire. Mais ils ne sont structurellement équipés pour le faire comme ils peuvent l’être pour le crédit d’investissement classique : achat de machine, achat d’immobilier, où là tu as une garantie en face, etc. Donc, c’est pour ça, si tu veux, je pense que ce sont des besoins qui sont complémentaires. D’ailleurs, nous, on va de plus en plus, on intervient en fait en complément d’un financement bancaire.

M : Oui, d’accord. Parce que moi, ce qui m’inquiète quand même dans cette histoire, c’est qu’on parle beaucoup de Lending Club comme le référent, d’ailleurs, en plus créé par un Français, donc, c’est très bien, on aime bien ça, on est un petit peu fier. Par contre, son titre de bourse, il ne fait que chuter. Enfin, il commence à se stabiliser, mais il ne fait que chuter depuis son introduction en bourse. Et je regardais les chiffres pour plusieurs milliards de chiffre d’affaires prévu en 2016, il prévoit 30 millions d’euros de bénéfice, quoi. Autrement dit, on est sur un marché qui n’est vraiment pas rentable. C’est un truc… comment on tient sur la longueur des chiffres comme ça, 30 millions ce n’est rien par rapport à des milliards.

N : Non, alors tu as raison, mais il y a 2 choses à voir là-dedans. C’est que d’une part, je pense qu’il en est qu’au tout début. Même si ça parait fou par rapport à la taille que nous pouvons avoir, je crois qu’il a fait 15 milliards de dollars de crédit ou quelque chose comme ça, je n’ai pas les chiffres exacts en tête, mais c’est de cet ordre-là, j’imagine. Il est sur un marché dont la taille se compte en milliers de milliards de dollars ou en centaines de milliards de dollars. Donc, il est probablement au tout début. La deuxième chose, c’est que c’est une boite de croissance qui, par définition, va essentiellement réinvestir la plupart de ces gains, si tu veux, c’est un peu comme Amazon. Quand tu es à terme de croissance, tu réinvestis ce que tu gagnes, et tu n’es pas dans une phase où tu veux servir des dividendes. Mais, en revanche, là où tu as raison, c’est que c’est des marchés avec de très faibles marges. C’est pour ça qu’il faut faire un gros volume avant d’atteindre le niveau de rentabilité, hein. Si tu veux, là où la grande distribution va prendre 30 % de marge sur ce qu’elle intermédie, tu vois chez un Carrefour ou truc comme ça, et bien, nous, ça va être sur l’équivalent des dépenses sur les montants financés, tu vois, on va prendre 4 %, donc là-dessus, il faut payer, et donc, payer ta structure. Donc, il faut faire beaucoup de volume pour que ça soit rentable. C’est pour ça aussi que je disais tout à l’heure, je pense qu’il n’y aura pas énormément d’acteurs à terme.

M : Oui, je suis assez d’accord avec ce point-là. À mon avis de 3, 4 acteurs, ça sera. D’ailleurs, quand on va sur le site de l’ORIAS, en effet, je crois que maintenant, il y a 50 inscrits à l’IFP. C’est un peu moins, mais quand tu regardes, il y a énormément de radiés, c’est-à-dire que c’est des gens qu’on n’a même pas vu ouvrir…

N : Ah d’accord, parce que moi, j’avais en tête 80, tu vois, quand tu dis 50, c’est-à-dire qu’il y a effectivement pas mal de radiés.

M : Oui, de radié, ça se voit en direct. Et puis, on en a quand même un exemple assez récent que j’aime bien citer, c’est « Prêt à la carte » qui s’est lancé, je dirais, en grande pompe en annonçant une assurance, un des premiers à le faire ça. Et puis, aujourd’hui, on n’entend plus parler, quoi. C’est fini…

N : C’est-à-dire qu’en fait, là où ce défi est compliqué, si tu veux. Tous les métiers sont compliqués, mais, nous, il y a quand plein de facteurs à cumuler de manière positive pour que ça fonctionne. Il faut être capable d’acquérir, de convaincre beaucoup de prêteurs, donc c’est quelque chose qui requiert pas mal de travail. Il faut être capable de convaincre des emprunteurs, il faut être capable de faire une bonne analyse de risque, il faut être capable d’avoir une bonne plateforme technique. Enfin, il y a tout un tas de choses, tu vois, c’est une place de marché en plus, si tu veux. Une place de marché, tu dois faire grandir l’offre et la demande à peu près au même rythme. Enfin, tout ça, je ne dis pas que c’est impossible, mais c’est quand même quelque chose qui est d’une certaine complexité.

M : Bien oui, je comprends. Et justement, ce jour même, j’ai eu un leveur de fonds qui travaillait sur un projet d’une nouvelle plateforme et qui m’a appelé suite à… j’ai écrit un article « Certaines plateformes disparaitront… »

N : Oui.

M : J’ai essayé de déterminer beaucoup d’acquisitions en fonction de ce que je connaissais et tout ça, donc, du coup, il m’a appelé pour ça. Et à la fin du rendez-vous, il s’est rendu compte que ça allait être très compliqué et que peut-être, la sécurité ce serait de se dire de ne pas y aller maintenant. Ça ne veut pas dire qu’il ne pourra pas y aller dans 3 ans, dans 4 ans. Mais c’est vrai qu’avec les grosses levées qui ont eu lieu déjà dans le passé, je ne suis pas sûr qu’il y en ait de très grosses… parce que le marché quand même tout petit, il évolue. Je le sais bien, on parle de 3 fois, 4 fois d’un petit montant, ça reste un petit montant.

N : Oui, oui. Tu as raison, parce que tu es un optimiste et tu voudrais que ce soit bon. Moi, la comparaison que je prends souvent, c’est le e-commerce dans les années 97, 98, si tu veux, ce n’était que dalle. Mais au bout d’un moment, avec de tels rythmes de croissance, ça finit par exploser. Aujourd’hui, c’est évident que si tu compares le montant financé par les plateformes et le montant financé par les banques ou par les leasers ou par les facteurs, etc., c’est des cacahuètes si tu veux. Mais le sujet il n’est pas là, c’est que je pense qu’on apporte à deux populations à la base différente : des prêteurs d’un coté, un bon produit d’épargne ou un produit d’investissement, ça dépend comment tu définis les choses, et de l’autre coté, à des entreprises, un nouveau produit de financement qui est efficace par rapport à un certain nombre de leurs besoins. Donc, à un moment donné, si on continue à bien faire le boulot, les choses vont continuer à croitre à ce rythme-là.

M : Non, mais certainement, mais ça parait quand même tellement lointain. C’est ce que je souhaite, hein.

N : « Rome ne s’est pas faite en un jour ! »

M : Non, mais c’est sur ! C’est sur. Juste pour revenir un petit peu sur Unilend, parce que là, on peut parler du statut IFP, du coup, le statut IPF, ça vous permet de… je sais que sur le forum vous avez été pas mal critiqués, notamment parce que vous êtes en statut…. vous n’avez pas accès au fichier FIBEN qui est quand même un fichier important. Maintenant, avec le statut IFP, vous y avez accès. Alors, bien sûr, avoir accès veut dire aussi que vous devez renseigner des infos, hein. Ce n’est pas que prendre les infos, il faut aussi en donner. Qu’est-ce que ça a changé dans votre analyse ? Est-ce que ça a changé quelque chose ? Est-ce que vous avez fait machine arrière en vous disant : « Et bien tiens, si on avait eu le FIBEN sur les dossiers passés, est-ce que ça aurait changé notre analyse ? Est-ce qu’il y aurait des dossiers qu’on n’aurait pas faits ? » Est-ce que vous avez essayé de faire un peu cet exercice-là ou vous dire ce qui évolue, ce qui va évoluer, ce que ça vous permet de faire, voilà, tout simplement ?

N : Écoute, honnêtement, on est très content d’avoir accès au fichier et d’y contribuer, mais il y a plusieurs choses qu’il faut avoir en tête. C’est que fondamentalement, le fichier FIBEN qui est un outil fantastique, hein, il reste extrêmement, comment dire… incomplet, c’est-à-dire que tu n’as aucune entreprise qui…, enfin, il manque dedans toutes les entreprises de moins de 750 000 euros de chiffre d’affaires et toutes celles qui n’ont pas publié leur compte depuis plus de 23 mois. Donc, en clair, dedans, tu as 250 000 entreprises sur les 3 000 000 d’entreprises françaises.

M : D’accord.

N : Donc, ça veut dire que si nous, on a fait l’exercice sur l’ensemble des entreprises qu’on a regardées, on a la moitié qui ne sont pas dans le FIBEN. Donc, si tu veux, se dire que FIBEN c’est l’alpha et l’oméga pour faire une politique de risque, c’est faux ! C’est-à-dire que c’est une source parmi plein d’autres. Nous, on a une quinzaine de sources de données différentes, en source externe plus tout un tas d’autres choses. Il faut croiser en fait les sources, parce que dans chaque source, tu vas avoir des informations différentes. Donc, oui, FIBEN, c’est intéressant. Pour autant, je ne peux pas dire que ça nous ait franchement manqué avant. Notamment, parce que tu vois, on a fait l’exercice comme je te l’ai dit, de regarder les cotations des entreprises qu’on a faites, quand on a eues, et objectivement, nous n’avons pas eu de surprise ni dans un bon sens ni dans un mauvais sens alors que l’ensemble des sources qu’on a mises en place au fil des mois, elles ont…, si tu veux. En revanche, c’est intéressant ce que tu dis parce que, petite info, de ce que je comprends, je ne dévoilerais pas mes sources, mais il n’y a que 3 ou 4 personnes qui utilisent vraiment FIBEN.

M : D’accord… qui l’utilisent, qui y ont accès, mais pour toi, qui ne l’utilisent pas.

N : Puisqu’en fait, il est payant aussi, hein.

M : D’accord, oui, d’accord. Juste parce qu’il y a une question, on nous le demande, c’est quoi le fichier FIBEN, c’est vrai qu’on n’est pas forcément des spécialistes, est-ce que tu peux en donner la définition, Nicolas ?

N : Alors, le mot, ce que veut dire FIBEN je ne saurais pas te le citer, c’est-à-dire que grosso modo, c’est un fichier qui est opéré par la banque de France et qui recueille des renseignements que donnent les banques sur les tas des concours qui sont en cours sur les entreprises. Et ça compile les informations financières qui sont recueillies auprès des greffes, donc c’est une espèce de fichier central des entreprises et de leur comportement de leurs encours de crédit et leur comportement de paiement.

M : Oui, parce que quand même…

N : Par exemple dans le FIBEN, il y a un problème très concret. À la limite c’est le patron des risques qui t’en parlera mieux que moi, parce que je ne fais pas ça au quotidien. Mais tu vois par exemple, avec le passage à SEPA, tu n’as pas les rejets de prélèvement qui est un indicateur super important sur la population. Donc, il y a plein de choses comme ça, tu es obligé entre guillemets, d’aller chercher dans plein d’autres endroits. Donc, FIBEN, oui c’est important, mais ce n’est pas… Pour nous, ce n’est pas un drame de ne pas l’avoir eu avant. Sinon, effectivement, on aurait pris le statut d’IFP, parce qu’on aurait jugé que c’était important de l’avoir, tu vois.

M : Oui, et on demande combien ça coute, parce qu’avant tu as dit que c’était payant ?

N : J’aimerais bien te répondre, mais en fait, je ne sais pas. Je n’ai pas la réponse. Je pourrais te la donner, mais… En fait, de mémoire, il y a un abonnement et après, c’est au nombre de consultation en fait. Donc, ça va dépendre du volume que tu reçois.

M : Bon, j’essaierais d’avoir l’information, de toute façon, j’ai prévu de faire un article sur le FIBEN justement cette semaine et peut-être que j’essaierais d’avoir l’information sur les couts. OK.

N : Et FIBEN, il y a une question, est-ce que c’est un moyen de pression sur l’emprunteur en cas d’impayé ? Oui, ça peut en être une, mais encore une fois, ça va dépendre des emprunteurs, oui, bien sûr, c’est aussi lié. Mais, par exemple, tu vois, il y a des fichiers… Enfin, nous, on est branché sur quelques bases de données qui sont faites pas des groupements d’industries où on déclare aussi les choses. Donc, il y a tout un tas de choses comme ça qui rentrent en compte.

M : D’accord. Et, qu’est-ce qui a changé dans l’analyse des risques d’Unilend ?

N : Et bien, écoute, au fur et à mesure…

M : Je vais dire pourquoi, parce que bon, vous avez été plus ancien, après vous avez été un peu décrié sur le nombre de défaillances, sans en citer, mais on a ressenti… Sur le forum, plusieurs personnes ont ressenti et j’en fais partie, que depuis septembre, octobre, on sent une qualité de dossier un peu meilleure que ce qu’on avait pu avoir. Est-ce que c’est parce que vous avez structuré l’analyse que vous avez peut-être, entre guillemets « négligée » ? J’entends « négligé », ce n’est pas de façon péjorative, en plus tu es un homme de marketing, tu n’es pas un homme d’analyse de risques, donc…

N : Non, je vous rassure, ce n’est pas moi qui fais l’analyse les dossiers, non. D’abord, c’est que je ne peux pas tout faire, et deuxièmement, effectivement, ce n’est pas ma compétence première. Non, alors, écoute, plusieurs choses par rapport à ça. D’abord, un, c’est normal qu’on ait plus de défauts que les autres, parce qu’on est beaucoup plus vieux qu’eux, on est deux fois plus âgé que n’importe qui, c’est normal. Deuxièmement, ce que je constate, c’est que notre premier défaut, on l’a eu au bout de 13 mois de vie. Tous ceux qui ont passé le cap des 12 mois, ils ont eu leur premier défaut avant nous, proportionnellement. Donc, d’une certaine manière, je n’ai pas le sentiment qu’on ait à rougir si on se compare sur des choses comparables. Après, évidemment, on pourrait y revenir, mais, naturellement, le métier qu’on fait, la population à laquelle on s’adresse, quelqu’un qui rêverait du zéro défaut, il faut qu’il aille au livret A ou à l’assurance vie ou des trucs comme ça, mais pas venir dans un truc comme ça. Et ça, on l’a toujours dit. Après, sur ta question sur qu’est-ce qu’on a fait ? Bien évidemment, on apprend comme tout le monde, de l’expérience qu’on acquiert, si tu veux. C’est qu’au fur et à mesure, on a ajouté de nouvelles sources de données, on a ajouté de nouveaux regards sur les entreprises. Et alors, par rapport à ce que tu dis sur cet été, ça va faire plaisir à Alain parce qu’en fait, le 1er juillet, on a notre patron du risque qui nous a rejoints, il y a maintenant 8 mois, donc Alain Elkaim qui nous a apporté l’expérience qu’il a dans ses expériences passées. Ça fait 20 ans qu’il fait ça sur du crédit que j’appelle non bancaire, c’est-à-dire, du crédit adopté par une banque qui a une relation historique avec un client et qui, du coup, quand quelqu’un vient te demander quelque chose, tu sais déjà à qui tu t’adresses. Nous, on est comme dans le leasing ou dans l’affacturage. C’est un peu comme si tu étais chez toi, tu as quelqu’un qui frappe à la porte et tu vas ouvrir. Tu regardes par le petit trou pour voir si tu lui ouvres, si tu le connais ou pas, tu vois. On doit tout de suite avoir le maximum d’informations pour reconstituer la personne qui s’adresse à nous. Donc, c’est une autre approche en terme de sources de données, etc. Ce qu’on a fait depuis pas mal de mois, avant l’arrivée d’Alain de toute façon, c’est qu’en fait, on a beaucoup travaillé sur, notamment, les comportements de paiement. Parce qu’en fait, si tu veux, sur les emprunteurs que l’on adresse, c’est ce qu’on appelle les TPE, donc, ce sont des entreprises qui font entre quelques centaines et quelques millions d’euros de chiffre d’affaires, ce qui va compter le plus, finalement, ce n’est pas tellement le bilan qui est souvent dépassé, qui est une photo à l’instant T qui est sympathique, qu’il faut regarder, mais qui n’est pas fondamentale, c’est plutôt les comportements de paiement. Et donc, de plus en plus, maintenant, on a noué des relations, notamment, avec les banques de nos emprunteurs qui nous permettent d’avoir des ressentis sur la relation, alors évidemment, dans le respect du secret bancaire, je ne suis pas en train de te dire qu’il nous dévoile les choses, mais si tu veux, on prend la peine sur chaque dossier, et depuis pas mal de temps maintenant, d’appeler le banquier de l’emprunteur potentiel pour lui dire déjà qu’on envisage de faire ce qu’on va faire, que le cas échéant, il y aura une grosse somme qui va arriver sur le compte, qu’il ne soit pas surpris, hein. C’est tout bête, mais c’est important. Que du coup, tous les mois, il y aura un prélèvement, qu’il ne faut pas qu’il rejette parce que le nouveau système SEPA fait que, un banquier en faisant ça peut rejeter un prélèvement. Et puis, pour de bonnes ou de mauvaises raisons parfois, ça nous permet aussi d’affiner beaucoup les choses qu’on a faites sur le… en terme de… Et puis, surtout, avec l’accumulation des données, parce que comme ça fait maintenant plus de 2 ans qu’on reçoit des demandes, on commence à avoir une vraie base statistique de demande. On suit les demandes qu’on a financées, on suit ce qu’on n’a pas financé, et puis on a eu plus de 20 000 demandes depuis le début, et donc ça fait une base statistique qui nous permet de rentrer dans une approche de plus en plus, ce que j’appelle « granulaire ». C’est-à-dire que le raisonnement qu’on a, si tu veux, c’est que, pour faire un portefeuille de crédit, parce que finalement, un prêteur, il va se faire un portefeuille de crédit, il faut être dans une dimension… c’est comme du sucre poudre. Ce qu’on a déjà parlé souvent ensemble, c’est qu’il vaut mieux se faire 10 000 euros à prêter, donc de prêter 100 fois 100 euros que 10 fois 1 000 euros, parce que de toute façon, tes 10 000 euros, ils te rapporteront toujours le même taux d’intérêt moyen que tu prêtes à 10 ou à 100 boites la même somme, de toute façon, tu auras toujours 10 %, jamais plus. Par contre, si tu as un défaut, ça va plus se voir si tu a 10 entreprises que si tu en as 100. Parce qu’à un moment donné, tu vas rentrer dans une statistique de défaut qui va être relativement dans la durée, relativement peu volatile. Et on le voit bien, là on a publié, à l’occasion de nos 2 ans, les taux de rendement internes de l’ensemble des portefeuilles de nos clients, évidemment anonymisé. Et ce qu’on constate, c’est que tous ceux qui ont prêté à au moins 69 projets ont systématiquement un intérêt positif. Donc, à 94 % des prêteurs qui ont un intérêt positif et 100 % de ceux qui ont prêté à 69 projets ont un intérêt positif. Et on est exactement, tu as surement vu sur le site ou peut-être vu ça sur le site, on a mis ça sous la forme d’un graphique. En fait, tu as une dispersion des TRI que tu retrouves sur les sites qui sont plus matures que nous, Lending Club ou à la Funding Circle, où tu rentres au bout d’un moment dans un aléa de perte qui va être relativement maitrisé. Donc, c’est ça qu’on vise à faire, c’est-à-dire qu’on se dit, au fond, comment on gère cette approche de portefeuille de risque.

M : Oui, je comprends. Mais dans ces chiffres-là, moi je suis toujours vigilant. J’ai vu ces chiffres-là du TRI de 5 % à un peu plus de 5 %, il faut être toujours vigilant, et moi je le suis, je ne vais pas dans le détail de vos calculs, mais on y met un peu ce que l’on veut dans le sens que tu puisses y mettre que les échéances impayées, tu n’y mets pas la totalité du prêt, tu peux y mettre… Les liquidations judiciaires et les redressements tu n’y mettras pas les défauts de paiement d’aujourd’hui… Finalement, donc, aujourd’hui, je pense que c’est bien d’annoncer 5 %. Mais c’est trop tôt pour annoncer quelque chose, parce que finalement…

N : Là où tu as raison, c’est peut-être un peu tôt, on a quand même attendu 2 ans. À un moment donné, il faut le faire aussi parce que les gens se demandent. Après, sur la méthode, elle est super simple, c’est-à-dire que nous, on n’a rien inventé. Le TRI, c’est la méthode de calcul d’un portefeuille de crédit qui est communément admise, évidemment sur les grandes plateformes forme anglo-saxonnes, mais sur tous les fonds de dette, les portefeuilles de crédit si tu veux. Donc, c’est le calcul… D’ailleurs sur le site, il y a le détail de la manière dont c’est calculé, donc après, on peut varier les paramètres ou quoi que ce soit. Mais nous, on n’a pas créé quelque chose d’ex nihilo, on a fait simplement une méthode d’actualisation du futur avec des prises en compte de défauts qui sont très simples. C’est-à-dire que tout ce qui est en procédure collective, on les met à 0, c’est-à-dire qu’il y 0 flux derrière, et est considéré comme un défaut tout ce qui est, et c’est une convention de place que tu as dans les fonds de dette, des trucs comme ça, au-delà de 180 jours où tu n’as pas eu de paiement, voilà. Donc, parce qu’avant, tu peux avoir retour à bonne fortune, etc. Et de la même manière, même si au-delà de 180 jours tu as un retour, tu ne le rentreras pas en positif tant que tu n’as pas eu au moins 12 mois de retour à bonne fortune. C’est des choses qu’on n’a pas inventées nous hein, on l’a repris de ce qui se fait par ailleurs.

M : Mais la vraie valeur elle se fait sur les prêts terminés

N : De toute façon, la vraie valeur, tu ne la connais qu’à la fin. C’est-à-dire que par définition un TRI, c’est le rendement annualisé de ton capital à tout instant, depuis le début de ton portefeuille jusqu’à la fin de ton portefeuille, tant que tu n’es pas à la fin, tu n’as pas de certitude absolue si tu veux. C’est un indicateur à un instant T tu vois. On ne va pas faire comme en bourse, tu as des plus-values et des moins-values à l’instant T puisque tu n’es que sur le capital. Là, tu mélanges du capital qui est un stock avec de l’intérêt qui est un flux, et un flux qui dure sur plusieurs années.

M : D’accord, on va passer à d’autres questions. Il y a Philippe qui s’énerve, il nous demande si c’est possible de poser des questions, alors du coup… Alors, justement, Philippe il posait la théorie de la règle de calcul. Donc, tu as en partie répondu, je pense qu’à l’oral, ce n’est pas évident.

N : Et après, j’invite Philippe à aller voir sur le site parce qu’on le détaille. Donc, on l’a fait en français, en français un peu compliqué et en formule mathématique on a fait 3 niveaux de lecture selon les compétences de chacun.

M : D’accord. Parce qu’on ne va pas rentrer dans le détail là. Il y a Maëlle qui demande : « Pourrait-on savoir du coup comment… »

N : Excuse-moi de t’interrompre, je vois Philippe qui dit : « On ne peut pas calculer l’intérêt avec le défaut de début de période ». Je ne sais pas ce que veut dire la question, mais moi j’ai un chiffre que je souhaite partager peut-être avec vous. C’est qu’en fait, si tu prends un portefeuille de 100 entreprises, tu prends 100 lignes du même montant d’accord, sur lesquelles chacune fait interpréter à 9 %, ton portefeuille fait en théorie si tout va bien, 9 % jusque là. Un portefeuille moyen de 48 mois qui est la moyenne de ce qui est sur Unilend, donc, ce portefeuille si tout va bien, il te rapporte 9 % jusqu’à son extinction : 9 % annualisé. Si tu as 16 de ces 100 lignes, donc 16 % des lignes qui ne remboursent jamais une seule échéance, pas une seule, même pas la première, ton TRI est de 0 à la fin. C’est juste pour illustrer la différence entre le taux de défaut qui parle d’un stock et le taux de rendement interne, le taux annualisé qui est sur un flux, parce qu’en fait, les 84 autres entreprises, chaque année, elles te rapportent des intérêts, 9 % sur un capital qui diminue mais qui a quand même des intérêts. Donc, au total, les 84 entreprises à 9 % annualisé sur 4 ans, elles vont te rapporter les 16, elles compenseront les 16 que tu as perdues au total, plus le capital évidemment.

M : Ça me parait énorme ce chiffre. Ca veut dire que 16 entreprises qui ne remboursent pas sur 100, tu te retrouves à… tu n’as pas perdu d’argent.

N : Voilà.

M : Ça me parait énorme.

N : Tu referas le calcul sur Excel, je ne crois pas m’être trompé.

M : Je ne ris pas à cause de ton calcul, mais, c’est dans mon ressenti, ça me parait important, mais… Une petite question : « Pourrait-on savoir du coup comment sont établies les notes des projets affichées sur le site ? »

N : Alors, écoute, les notes des projets, elles sont établies à partir d’une grille de notation qu’on a faite en interne. En fait, on note chacun des projets sur 7 critères qui vont, alors ils sont expliqués en détail sur le site, il y a des critères sur les comportements de paiement, sur l’environnement, sur le secteur économique, ce qu’on perçoit du dirigeant, sur la qualité du bilan, etc., qui sont pondérés différemment, et à la fin, tout ça est noté, chacun des critères est sur 10 et donc ça fait une moyenne. Et on a traduit ça, on a des équivalences sous forme d’étoiles. L’étoile, on a choisi ça parce qu’on voulait que ce soit comparable d’un projet à l’autre de manière très facile, et puis on n’aimait pas trop le système de lettre parce que ça faisait trop agence de notation à la Standard & Poor’s, et on n’a pas cette prétention-là. Pour nous, les notes, si tu veux, c’est une manière d’expliquer, de comparer les risques entre eux si tu veux. C’est plutôt pour dire, ce dossier-là est plus risqué que celui-ci, notre avis, etc. C’est un indicateur.

M : D’accord, d’accord. En même temps, tu ne mets pas des notes de 1 ou 2…

N : Si, mais cela, on ne va pas le mettre en ligne. On ne met en ligne que les dossiers qui ont au moins 3 étoiles. Après il y a 3 étoiles et demie, 4 étoiles, 4 étoiles et demie, et je pense qu’on ne fera jamais 5 étoiles parce qu’on ne veut pas faire croire à quelqu’un que c’est sans risque, sous prétexte qu’il a la meilleure note si tu veux. Donc, après en revanche, il est tout à fait possible qu’un jour, on mette des dossiers de 2 étoiles et demi ou 2 étoiles à des taux peut-être plus élevés, si on juge qu’on a suffisamment de confort statistique pour se dire, ce dossier c’est certes plus risqué, mais si la fourchette de taux, elle n’est pas de 90, elle est de 8 à 13, par exemple, ça compensera le risque.

M : D’accord. Éric nous demande : « pour la transparence de ma plateforme, est-il possible de savoir le nombre de dossiers déposés, le nombre de dossiers acceptés, le taux de succès, le taux de défaut ? » C’est peut-être sur la page statistique ça ?

N : Alors, oui, c’est sur la page statistique. Comme je ne les connais pas par cœur, tu vas me donner 2 minutes, je vais ouvrir la page statistique et comme ça, je vais pouvoir répondre. Donc, nous allons, pour information à tous ceux qui ne la connaissent pas, la page statistique est accessible directement depuis le pied de page de la home page du site. Donc, nous avons reçu 18 121 demandes de financement, on en a accepté de mémoire, à peu près 230 et on a financé, plus exactement, nos prêteurs ont financé 220 à fin février, depuis, on est quoi le 8 mars, on est passé à 226 ou 225, voilà.

M : Et les défauts ?

N : Donc, les défauts, tu en as sur 200, 25. Tu as 10 dossiers en procédure collective, sachant que tu as des dossiers qui étaient sur 2 tranches et 4 qui sont en recouvrement et 1 qui est actuellement en retard, voilà. Donc, ça fait 6 % du portefeuille à peu près, 6,5, je crois, qui a un problème, voilà.

M : Est-ce que tu es satisfait de ce taux-là ? Est-ce que c’était ce que vous aviez prévu ? Est-ce que l’objectif c’est de faire baisser, en étant réaliste, je dirais, le faire baisser ? Est-ce que tu t’attendais à faire beaucoup moins ? Parce que c’est vrai, sur les plateformes, on entend toujours parler de 1 à 2 % de défaut, j’ai l’impression que c’est un peu irréaliste 1 à 2 % de défaut ?

N : Je pense que 1 à 2 % c’est un peu irréaliste. Tu ne peux jamais être satisfait d’un taux de défaut dans l’absolu parce que dans ton fantasme, tu te dis si je suis à 0 de défaut, tout le monde est content si tu veux. Maintenant, si j’étais à 0 de défaut et que les gens prêtaient à 9 %, il y a aussi un problème. Donc, c’est pour ça que je ne peux pas te dire que je suis satisfait ou pas satisfait, ce que je vois tout simplement, c’est qu’on travaille à le réduire. Encore une fois, c’est difficile de comparer des maturités qui sont plus récentes, mais une chose égale par ailleurs à… je veux dire à période constante, je pense que les cohortes de 2015 sont meilleures factures que celles de 2014, c’est normal. Celles de 2016 seront encore meilleures, etc. Chacun s’améliore au fur et à mesure, mais aussi parce qu’il n’y a pas que la qualité du risque. C’est aussi, et ça, c’est un point très important, à mon avis peu de gens l’ont en tête, c’est que tu vas pouvoir être sur un taux de défaut relativement stable si tu as suffisamment de projets dans ta cohorte. C’est-à-dire qu’en 2014, on a financé entre guillemets « 80 projets », donc quelque part, la statistique de défaut de cette cohorte, elle ne va pas être très pertinente, parce que quelque part, ce n’est pas assez. Et le regret que j’ai, c’est que 80 dossiers, c’est à peine suffisant pour donner une diversification suffisante aux prêteurs. Parce qu’il faut être dans un volume suffisant pour qu’encore une fois, on soit dans la statistique.

M : Juste, on prend un exemple sur le nombre de dossiers qui permet une diversification sur Prosper Lending Club aux États-Unis, il y a LendingRobot qui a fait l’analyse, le chiffre magique c’est 140.

140 projets, c’est là-bas, ce n’est peut-être pas comparé en France, mais 140 projets là-bas, c’est le rendement le meilleur avec un risque le plus faible.

N : Et si tu veux, c’est assez intéressant parce que, après c’est à comparer. Là-bas, les taux sont différents, la population, c’est du crédit conso, etc. Mais dans l’ensemble, c’est pour ça que moi je dis, il faut à terme miser au moins une centaine de projets pour estimer qu’on va être suffisamment diversifié. C’est pour ça que tu as peut-être vu qu’on a mis un indicateur pour nos prêteurs, il y a quelques semaines maintenant, de diversification de leur portefeuille, pour leur donner une idée de ce qui est une bonne diversification. Parce que l’un des sujets qu’on peut avoir, c’est qu’il y a des gens qui pensent qu’avec 20 projets comme en bourse, il est assez diversifié, ce qui n’est pas du tout le cas. Parce que si tu veux, un portefeuille en bourse, effectivement, tu me fais un portefeuille d’actions avec une vingtaine de lignes, on considère que c’est un taux 20 à 25 lignes à peu près optimal parce que finalement, si tu rajoutes des lignes, tu ne vas pas améliorer tellement ton risque. Pourquoi ? Parce que les actions évoluent à peu près dans le même sens, elles sont assez corrélées donc que tu aies 20 ou 100 lignes, ça ne va pas tellement changer dans les périodes de baisse, et en revanche, ce que tu cherches dans les actions, c’est le gain en capital. Donc, si tu as 20 lignes et que tu en as une qui double, ça se voit vraiment dans la performance. Si tu as 100 lignes et que tu en as une qui double, et bien, c’est super, tu vas faire 1 % de plus, mais ça va à peine se voir. Dans le prêt, en fait, c’est exactement l’inverse. C’est-à-dire que comme je l’ai dit tout à l’heure, si tu as 10 lignes à 8 % ou 100 lignes à 8 %, tu auras toujours 8 % maximum. En revanche, il faut réduire la part de l’aléa. Aujourd’hui, quelqu’un qui a 10 prêts, 20 prêts, 30 prêts, la plupart de ces prêteurs-là, ils ont un taux de rendement qui est supérieur à la moyenne de site. Donc, on peut dire c’est super, je vais gagner plus d’argent à terme. Sauf qu’ils sont quelques parts dans une forme de loterie, c’est-à-dire qu’un jour il y a une des entreprises qui va faire défaut et ça va causer lourdement dans leur portefeuille. Donc, quelque part, s’ils ont un meilleur taux, c’est plus de la chance qu’un bon comportement.

M : D’accord. Ça, c’est en effet ta vision macro, c’est vrai que sur le forum, il y a notamment un lecteur qui donne une vision complètement différente qui dit : « Je choisis mes projets, comme ça je suis sûr de ne pas avoir de défaut ou le moins possible ». C’est sûr qu’il y en a qui ont de la chance et qui gagnent toujours de l’argent et il y en a qui n’ont pas de chance, il y a le doute, mais… après c’est l’avenir qui le dira, je pense. On a plein de questions alors là, du coup, je suis un peu perdu dans les questions. Juste pour rester sur ces défauts parce qu’on voit que ça leur tient un petit peu à cœur. Notamment, sur le recouvrement, est-ce que tu penses que le recouvrement aujourd’hui chez Unilend, il est efficace ? Parce qu’on a des dossiers en tête, un peu tous, je vais t’en citer un parce qu’après je ne sais pas si tu peux répondre sur ce dossier-là, mais c’est pour donner un exemple, notamment sur le forum, on parle beaucoup du dossier Shala. Shala, personne ne sait ce qui se passe, il ne se passe rien, les prêteurs ne sont pas remboursés, on ne sait pas ce que fait la société de recouvrement. Du coup, il y a un petit peu de doute et ça émet tout ça. Est-ce que tu penses que c’est efficace, est-ce que ça ne l’est pas, est-ce qu’il y a des moyens d’y remédier ?

N : Alors, plusieurs choses, que ce soit satisfaisant, non, que ce soit efficace, ça peut largement s’améliorer. En revanche, il y a plusieurs choses qu’il faut avoir en tête. La première, c’est que d’abord les premiers prêteurs qui ont fait confiance, quelque part ils ont été pionniers, mais ils ont aussi fait confiance à quelque chose qui démarrait. Donc, c’est la première fois en France que tu recouvres de l’argent au nom de plusieurs centaines de personnes ensemble. Ça pose d’énormes problèmes juridiques qu’on a réussi à résoudre, et donc, on a pu mandater au nom des prêteurs ce recouvreur. Ce recouvreur, il intervient dans un certain nombre de cas, qui ne sont pas tous ceux de la plateforme, c’est pour ça qu’aujourd’hui, on est en train d’élargir les typologies de recouvreur pour être capable d’aller plus rapidement au recouvrement, dans certains cas, et mobiliser d’autres moyens dans d’autres cas. Sur le dossier, excusez-moi, et d’une manière générale sur ce sujet-là, le vrai problème c’est que contrairement, je comprends très bien que quand tu as de l’argent qui est dehors, tu te dis, qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce qui se passe ? Et dans la réalité derrière, il se passe en fait souvent peu de choses, parce qu’il y a des formes juridiques à respecter, des délais à respecter ou en fait, de longues périodes où il ne se passe rien. Et donc, à chaque fois qu’il se passe quelque chose de significatif, immédiatement, on fait un mail à tous les prêteurs concernés, on va améliorer ce système-là parce qu’on s’est aperçu que malheureusement, il y avait pas mal de gens qui n’avaient pas vu un mail qu’on avait envoyé fin juillet, donc, les gens croyaient que ça faisait depuis avril qu’on n’avait pas donné de nouvelles. En fait, on avait donné des nouvelles assez récentes. Donc, on va mettre les choses, on l’a déjà fait sur les projets depuis le début de l’année dans l’onglet « Suivi des projets » que tu as sur chacun des projets auxquels tu as prêté, tu as le montant qui te reste à rembourser et maintenant on a mis l’historique de tous les contacts qu’on a pu avoir. Maintenant, ce n’est pas quelque chose qui se fait au jour le jour, c’est-à-dire qu’il y a des cas où les choses prennent du temps, tu vois un dossier comme SEMAFER, c’est un gros donneur d’ordre qui ne paie pas, donc c’est compliqué, ce n’est pas tous les jours qu’il y a une nouvelle action qui se fait. Parfois, il faut accepter, même si c’est frustrant, un peu de patience, je sais que ça peut être frustrant, mais je sais aussi qu’on finira par recouvrer, en tout cas sur un certain nombre de dossiers j’espère, des sommes, voilà.

M : Et c’est déjà arrivé ? Vous avez déjà recouvré des sommes ?

N : Écoute, on est en train d’en recouvrer sur quelques dossiers pour l’instant de manière un peu faible, mais probablement dans les semaines qui viennent, pouvoir rapatrier de l’argent, oui.

M : Et justement, j’ai vu la question passée tout à l’heure, et elle est pile-poil dans ce thème-là. Est-ce que vous avez prévu, comme d’autres plateformes, de mettre en place une assurance ?

N : Alors, on ne l’a pas prévu à ce stade, pour une raison finalement, pour plusieurs raisons en fait. La première c’est que d’abord, on ne veut pas d’un truc qui fasse croire que c’est garanti. Il y a deux choses, soit tu dis : « Je vous assure complètement », et ça, c’est impossible. Aujourd’hui, tu n’as pas un assureur qui peut te dire 100 % de ta pomme, je la prends pour moi en contrepartie d’un , parce que le cout, il va être très simple, c’est grosso modo, c’est des maths hein ! C’est-à-dire que le cout de l’assurance, c’est ton cout du risque plus la marge de l’assureur. Donc, à la fin de la journée, soit tu t’autoassures en diversifiant et tu prends ton cout du risque à ta charge, soit tu te dis : « Je vais payer un truc en plus », qui est finalement, tu auras le même taux net que si tu avais diversifié par toi-même. Donc, je trouve que c’est un peu dommage. Rentrer dans des schémas alambiqués où tu as à certaines conditions au bout d’un certain temps, à certain montant, si jamais il y a ça, c’est inexplicable, à chaque fois tu auras des débats sur : « Mais oui, ça aurait dû prendre le cas, et ça n’a pas été le cas, et je suis déçu ». Donc, ça on n’a pas voulu entrer là-dedans. Donc, c’est un sujet qu’on regarde en permanence, on a des contacts avec un certain nombre d’assureurs sur ces sujets-là qui seraient intéressés à faire le truc. Mais nous, on n’a pas trouvé le produit qui nous semble être adéquat à ce qu’on fait. Et un dernier point qui est important c’est que, ma conviction, c’est que l’un des vrais sujets qui bloquent le financement des petites entreprises en France, c’est justement tout le système de prise de garantie et de prise d’assurance, parce que ça rajoute énormément de complexité, énormément de frais et par ailleurs, ça bloque beaucoup de projets de financement. Donc, je préfère pour être caricatural, que les gens prêtent à 9 et qu’à la fin, ils aient du 5 – 6 net, qu’ils assument leurs défauts eux même par la diversification, plutôt qu’à la fin, avoir du livret A et par un taux qui n’est pas intéressant parce qu’à la fin si tu fais du sans risque, et bien, tu as le livret A. Il n’y a pas de secret.

M : Les 9 % je veux bien… que les taux en ce moment sont très bas, et c’est le but. Alors j’avais écrit un article : « Taux enchère ou taux fixe » sur le blog, je me suis fait enguirlander parce que je disais que je ne voulais pas d’enchère et que c’est un peu du gaming. Mais on se rend compte clairement que sur les plateformes à enchères aujourd’hui, les taux, ils baissent parce que multitude de prêteurs, ça fait baisser les taux. Ca veut dire que taux de rendement, et là on ne parle pas encore de sous-fiscalité. Mais le taux de rendement, finalement il baisse, mais en plus, ton taux de défaut il est le même, c’est-à-dire qu’à terme, on va être à quoi, à 2 %, 2,5 %, 3 %, c’est un peu compliqué. Alors, justement, ça m’amène à la question, qu’est-ce que tu penses de ça ? Et voilà, est-ce que le but, pour toi à l’origine, c’était de faire baisser ce taux-là, justement pour les entrepreneurs ? Est-ce que c’est un frein d’ailleurs pour les emprunteurs puisque je ne suis pas sûr que ça soit le fait d’être sur le taux le plus bas fasse venir plus d’emprunteurs ? Ca c’est un sujet. Et puis, mince, j’ai perdu le fil, on va arrêter là et retrouver mon fil !

N : En gros, tu veux que je te parle des enchères, voilà.

M : Voilà, et la dernière question, est-ce que vous, vous comptez rester à ces enchères-là ? Est-ce que vous vous posez la question de faire un peu de fixe ? Ou complètement du fixe ? Il y a des plateformes aux États-Unis qui ont changé, qui ont pivoté et qui sont passés au fixe, notamment pour d’autres raisons parce que les enchères, c’est compliqué à comprendre, parce que c’est chronophage. C’est complètement mon avis, mais ça n’est que mon avis, voilà. Est-ce que tu peux nous parler un peu de ça ?

N : Écoute, je vais te dire, comme dans tout système, il y a des pour et des contre. C’est-à-dire qu’il y a des gens qui vont être pour le taux fixe, il a des gens qui sont pour le taux d’enchère. Nous, ce n’est pas un sujet de dogme. On est parti, au départ, d’un raisonnement, finalement, que je trouve assez simple, c’est que personne ne peut décemment dire qu’il est capable de fixer individuellement le taux exact qu’il faudrait pour chaque entreprise. Donc, pour nous, c’était un moyen de dire, le taux finalement ce n’est pas à nous de le fixer. On n’est pas une banque. C’est aux gens qui prêtent leur argent de décider à combien ils sont prêts à prêter. Donc, au départ, l’un des motifs, ce n’est pas le seul, c’était de dire, on va jusqu’au bout de la logique, ce n’est pas nous qui prêtons, encore une fois, nous on est une place de marché de mise en relation, c’est bien les prêteurs qui prêtent. Donc, c’est à eux de choisir à combien ils prêtent, sinon c’est comme acheter l’assurance vie à ta banque. Tu vas acheter du 3, tu vas acheter du 2, tu vas acheter ce que tu veux, tu achètes un produit financier, c’est sympathique, mais voilà. La deuxième chose, pour répondre à la question sur les emprunteurs, quand tu dis un emprunteur, ce n’est pas une négo entre toi et moi le taux. Ce n’est pas un truc de bout de ticket comme à la banque. Le truc c’est que tu vas avoir des centaines, des milliers de prêteurs qui vont te proposer les meilleurs taux. Et donc, pour l’emprunteur, tu n’as jamais le sujet là-dessus si tu veux. Tu n’as jamais un emprunteur qui dit : « moi je veux un taux fixe, sinon je ne viens pas ». Au contraire, parce que précisément, ils savent qu’ils ont le meilleur taux possible. Après, il y a un autre sujet beaucoup plus profond, c’est qu’à la fin, le système d’enchère, il permet d’équilibrer justement d’une manière ou d’une autre les déséquilibres que tu peux avoir parfois entre l’offre et la demande. En ce moment, tu constates effectivement, depuis grosso modo décembre, les taux ont un peu baissé, parce qu’il y a probablement plus de prêteurs que de demandes. Demain matin, je te mets 20 projets en ligne, ne t’en fais pas, les taux, ils vont remonter. Mais la différence, c’est que qu’est-ce qu’il faut dans ce cas là ? Est-ce qu’il faut que je mette un taux fixe à 6,5, sauf que si tu as 20 projets en compétition, et bien tu en auras peut-être 10 qui ne vont pas se financer ? Ou est-ce que finalement, il vaut mieux laisser les gens prêter plus cher, et que le mec, il ait son financement. Donc le raisonnement qu’on a, c’est de dire, s’il y a des gens qui acceptent de prêter à 6,5 en ce moment, et bien, ils peuvent prêter, les gens sont financés. Si demain, à l’inverse, le sujet ce n’est pas de prêter, mais d’emprunter, et bien, parce qu’il y a plus de dossiers d’emprunts par rapport à la capacité des prêteurs, et bien les gens emprunteront peut-être un peu plus cher, mais ils prêteront. Tu as vu d’ailleurs sur les plateformes à taux fixe, il y a eu des projets où on a remonté les taux parce qu’il n’y avait pas assez de prêts. Le dernier sujet aussi, c’est un point qui, pour moi, est fondamental, c’est qu’on tient beaucoup au fait qu’on puisse prêter avec 20 euros ou avec 20 000 euros sans qu’il y ait de prime à la taille de l’offre de prêt. Ce n’est pas premier arrivé, premier servi. Ce n’est pas : « J’ai mis le projet en ligne, tu n’es pas devant ton écran et bien, tu t’es fait avoir, tu n’as pas pu prêter. Ou, il y a eu déjà trop suffisamment de monde, donc, trop tard, désolé vieux ! » Aujourd’hui, c’est un système qui permet à chacun de pouvoir se positionner sans forcément devoir se dépêcher, sans forcément avoir un montant qui permet d’écarter les autres. Tu peux faire coexister un groupe A avant qui peut mettre 20 000 euros sur un projet à 100 000 avec Philippe, Sandrine ou Pascal qui peuvent mettre 20 euros sur ce projet sans aucun problème, donc, c’est pour moi quelque chose qui permet de faire coexister tout un tas de prêteurs différents.

M : D’accord. Vous restez…

N : Alors, je n’ai pas dit pourtant qu’on restera sur les enchères. Je ne suis pas un dogmatique. Il est possible que demain, ce qui est intéressant si tu veux, c’est que ce qu’on recherche aussi dans ce système-là, c’est qu’au fond, on arrive à terme, évidemment, c’est encore un peu tôt, mais on y arrive progressivement à des prix qui soient la résultante d’un couple rendement/risque et durée. C’est-à-dire que tu es une espèce de courbe des taux en fonction du nombre d’étoiles, en fonction de la durée qui soit appropriée par rapport au taux de défaut de cette classification-là. Bien évidemment, ça va prendre du temps, il faut de la profondeur de dossier pour faire ça. Les plateformes dont tu parles et que tu évoques, tu penses probablement à la Funding Circle ou à un Zopa, ils sont passés au taux fixe au moment où ils avaient beaucoup plus de volume, c’est-à-dire à des moments où ils étaient capables de dire, ce taux-là, avec l’historique que j’ai, me semble approprié. Aujourd’hui, si je fixe un taux à 6 ou à 7 ou à 8, j’ai peut-être raison, je n’ai peut-être pas raison si tu veux. Et donc, finalement, notre conviction c’est de dire que qu’est-ce qui vaut mieux, est-ce que c’est moi dans mon coin qui vais dire, je décide souverainement comme une banque que c’est à tel taux que les gens, à moi, les gens vont prêter leur argent, ou est-ce que c’est, à la fin ? Il y a un projet autrement sur la plateforme, enfin, il va y avoir 2 000 prêteurs, ça veut dire que le taux, c’est la résultante de 2 000 personnes. Qu’est-ce qui est plus fiable ?

M : Oui oui. C’est sûr, c’est plus fiable. Je comprends l’objet de l’offre et de la demande, mais…

N : Dans l’équilibre de l’offre et la demande, il y a fiabilité et il y a capacité de faire coexister des petits et des gros prêteurs.

M : Oui. J’attends de voir l’évolution, parce que j’ai le sentiment que ça va faire chuter. Et moi, c’est mon point de vue depuis toujours que les enchères font chuter les taux et que du coup, ça soit moins intéressant pour les prêteurs et qu’on risque de perdre les prêteurs.

N : Tu vas mettre plus de projets, tout d’un coup les taux, ils remontent, parce que si tu veux, à un moment donné, c’est une mécanique. Il y a eu plusieurs moments dans la vie de la plateforme, les taux ont baissé et puis ils ont remonté, tu vois en septembre on était aussi vers 6,5 – 7, en novembre, on est remonté vers 8 – 9, enfin, tu vois, ça dépend des moments en fait.

M : Juste parce que, transition, tu as parlé de Groupama tout à l’heure, alors on avait une question sur Groupama, ici j’en ai une. Groupama, ils doivent faire te la gueule, non ? Parce qu’ils devaient investir 100 millions, mais si on fait le calcul de ce qu’ils ont prêté aujourd’hui, on est encore à 1 million peut-être, 1,3 million.

N : Honnêtement, je n’en sais rien. Ça doit être ça ou un peu plus. Mais si tu veux, je vais te dire, Groupama, c’est un prêteur avec les autres. Il faut comprendre c’est qu’on n’en a pas mal parlé parce que c’était un événement, dans le petit microcosme financier parisien, parce que tout d’un coup, tu as une banque qui dit, je vais passer une plateforme de crowdlending, alors que jusqu’à présent, les banques se disaient : « Attend, c’est quoi ces gens qui veulent nous faire de la concurrence ». D’un coup, tu as les deux trucs qui fonctionnent ensemble, c’était quand même un événement. Aujourd’hui, ça parait plus normal, mais il y a un an, c’était un événement. La réalité des faits, c’est quoi, c’est que Groupama a dit : « Moi, j’ai de l’argent à prêter, je n’ai pas de clients ou je n’ai pas de structure pour avoir en masse des clients comme les PME, et en plus la philosophie du crowdlenfing me plait ». Donc, ils ont ouvert un compte sur la plateforme, et la seule vraie chose qu’on a discuté avec eux, en fait, c’est à combien maximum, ils pouvaient aller sur les projets parce que vu leur puissance, ils pourraient prendre tout si tu veux. Ce n’est pas le but, c’est pour ça qu’on a mis ce truc de 20 %. Donc, ils choisissent les projets, et parfois, ils n’ont d’ailleurs même pas le temps de le faire, parce que comme ils font leur propre analyse, quelquefois, le projet se finance trop vite pour qu’ils aient le temps de réagir. Parce que les prêteurs particuliers, ils sont prêts devant l’ordinateur le samedi ou dimanche. Je pense que le type qui fait le risque chez Groupama, il ne bosse pas le samedi et dimanche. Mais, donc, ce n’est pas quelqu’un qui s’est engagé pour nous soutenir, au sens où je te dis, je t’assure 20 % des financements et j’ouvre mon chéquier. C’est quelqu’un qui a tout simplement dit, moi je veux prêter auprès des autres parce que j’crois, et donc je fais ça à sauce. Donc à la limite, ils sont libres. C’est un prêteur entre guillemets « comme les autres ! »

M : D’accord. Il n’y a pas de deal, parce que généralement les institutionnels comme ça ont des deals après un peu equity…

N : Non, le seul deal qu’on a fait ensemble, c’est de se dire que c’est quand même un événement et que ça va se savoir, comment on se met d’accord pour en parler ensemble si on doit en parler et c’est tout.

M : D’accord.

N : Ils n’achètent pas la plateforme si tu veux. Ils respectent strictement leurs obligations vis-à-vis de la CPR, d’être souverains dans leur choix, de faire leur propre analyse des risques et toutes les procédures qui sont propres aux établissements de crédit.

M : D’accord. J’essaie de répondre à un maximum de questions, donc, j’avoue, il y en a beaucoup et on n’arrive pas à tout répondre. Juste, je vois qu’on reparle encore d’analyse de risque. Sandrine qui vient d’arriver qui nous parle du taux de 4,79, on en a parlé tout à l’heure, hors RJ, hors procédure de sauvegarde, hors recouvrement…

N : Non non non, ils sont inclus. Pourquoi Sandrine dit ça ? C’est justement inclus tout ça.

M : Oui, puis il y a les notions 180 jours, ces notions-là…

N : Non non non, ça, c’est les chiffres… Je vais te dire, on n’était peut-être pas IFP dès le début, mais dès le début, on a mis les chiffres avec la norme IFP. Donc, voilà.

M : Mais c’est marrant, cette norme à IFP parce que tout le monde en parle. Mais moi, quand je la vois la norme IFP, je ne vois pas de modèle de calcul, donc…

N : Modèle de calcul, toi et moi, on va pouvoir assister à la séance où ils l’ont rédigé. Il faudrait probablement la revoir parce qu’en plus elle est biaisée par le fait que : plus tu as de remboursement, plus… C’est un schéma de calcul dans lequel si tu arrêtes d’émettre des fonds, de nouveaux financements, tu vas avoir ton portefeuille, et au fur et à mesure des remboursements, tu vas avoir 100 % de défaut parce que si c’est sur le capital restant. Donc, ce n’est pas cohérent. Elle est mal foutue, on pourrait vivre avec si tu veux.

M : Oui, mais je pense qu’il faudrait imposer une méthode, qu’elle soit comparable entre toutes les plateformes parce qu’aujourd’hui, on ne sait pas si c’est comparable, on ne sait pas si le taux de défaut chez Unilend est le même chez Lendopolis, sauf à le recalculer, mais ce n’est pas très clair pour Monsieur et Madame Michu. Si on pense que Monsieur et Madame Michu viennent prêter en crowdlending. C’est forcément le cas. Mais, justement, c’est clairement indiqué sur le site que ce ne sont que des liquidations. Il n’y a peut-être pas tout ce qu’il y a en recouvrement.

N : Non, parce que c’est la somme du capital en retard de paiement et du capital des sociétés en liquidation. Parce que les sociétés en liquidation, elles n’ont plus de retard de paiement parce qu’elles n’ont plus rien à payer, voilà. Il y a un « et » !

M : Oui. Juste, parce que j’avais une question intéressante et peut-être que… Parce qu’on est déjà à 1 heure et ça défile à une vitesse ! Ils sont motivés ce soir. Juste, il y a Philippe qui demande si Unilend va s’engager à répondre aux prêteurs par mail.

N : Écoute, on le fait au maximum, on reçoit 200 mails par jour, je vais te dire. C’est aussi un sujet, et il y a aussi un phénomène très bête, c’est que parfois, nos mails tombent dans les spams, parfois ils écrivent à partir d’un SMS, donc forcément, on ne reçoit pas, tu vois, il y a tout un tas de choses comme ça. On répond à tout le monde, on ne peut pas répondre dans la seconde forcément, mais on s’attache à répondre dans la journée au maximum.

M : Donc, les gens qui ont quelques questions, ils peuvent les envoyer un petit peu sur le site ?

N : Je ne saurais pas te dire le nombre de mails qu’on reçoit par jour, c’est stratosphérique.

M : D’accord, même s’ils posent des questions sur le taux de défaut, vous y répondez…

N : Ah oui, on y répond toujours. La seule chose à laquelle on ne répond pas, et ça on l’a toujours dit, c’est sur des questions complémentaires sur des projets en cours de financement parce qu’on considère que s’il y a une information supplémentaire que sur la plateforme à donner, et qu’elle est pertinente, à ce moment-là, on doit la donner à tout le monde, mais non pas à une personne. Parce qu’on ne veut pas privilégier un prêteur plutôt qu’un autre. Donc, ça c’est des règles qu’on a définies, on s’est inspiré des règles qui se trouvent sur tous les marchés règlementés comme ce que dirige l’AMF. C’est une question d’équité entre les prêteurs, c’est dans notre charte de déontologie. Donc, ça, c’est la seule chose à laquelle on ne va pas répondre. Précisément, quelqu’un qui veut demander, elle correspond à quoi cette ligne-là, on ne va pas lui répondre, voilà, c’est tout. Sauf si on estime qu’en fait on n’a pas mis l’information dans le truc et qu’elle pouvait être pertinente. À ce moment-là, on va la mettre dans le projet de manière à ce que tout le monde la voie. C’est la seule raison pour laquelle on ne va pas répondre. Ou sinon, parce que le truc il est allé en spam ou que c’est un SMS qui n’est pas arrivé en boite mail si tu veux. Il y a des gens qui communiquent avec nous par MMS, une fois sur cinq, ça arrive et quatre fois sur cinq, on n’a jamais le truc. Donc, je suis désolé, on a un mail, voilà, mais on ne peut pas deviner qu’on nous a écrit par téléphone.

M : Bon, alors, je prends encore 5 min pour répondre à quelques questions, juste parce qu’elle a été posée plusieurs fois, et moi j’ai découvert ça aussi aujourd’hui. On nous demande si vous allez être partenaire de la plateforme Liberfi de Altares. Déjà, est-ce que tu avais vu passé l’info, est-ce que tu es au courant ou pas ? Est-ce que vous allez être partenaire de cette plateforme ?

N : Bien sûr que je suis au courant. Après, si je ne suis pas partenaire, je ne vais pas te le dire, mais si je suis partenaire, je ne vais pas te le dire non plus parce que si je suis partenaire, il y aura une annonce quelque… voilà. Altares voudra aussi organiser la manière dont ça va être communiqué. Donc, malheureusement, si ça ne tenait qu’à moi, je te le dirais, mais je ne veux pas, ce n’est pas moi qui m’occupe de ça dans mon équipe donc, je n’ai pas tous les détails récents, donc, je ne veux pas dire une bêtise, voilà.

M : Bon, en tout cas, on peut dire que c’est en discussion ? Il y a Philippe qui me dit : « On sélectionne les questions ? »

N : C’est-à-dire qu’il y en a tellement. C’est pire que Twitter.

M : Je ne suis pas là pour ça, j’essaie de faire au maximum. Et puis, il faut poser les questions de tout le monde, pas toujours les même. Benjamin : « Souffrez-vous de la politique d’injection massive de liquidité ? En d’autres termes, constatez-vous une dégradation des dossiers présentés par les entreprises ? » Autrement dit, c’est vrai, est-ce que des banques ont pris un petit peu auprès des emprunteurs, donc…

N : Écoute, nous on ne voit pas vraiment ça, mais ce n’est pas un sujet qu’on a véritablement. Non, la réponse est non.

M : Est-ce que c’est vrai que, il y avait une question tout à l’heure, et c’était : « Le nombre de dossiers n’est pas très important en ce moment ? » Toi tu as une réponse que tu m’as dite tout à l’heure, c’est que la période fait qu’à cause des bilans généralement, il y a moins de dossiers, ça te parait bien ? Est-ce que tu le constates toujours, est-ce que c’est toujours une des raisons d’après toi ou est-ce qu’il y a une autre ?

N : Oui, c’est toujours une des raisons, mais pas parce que nous nous avons besoin du bilan, mais parce qu’en fait, ces entreprises, ils sont dans leurs comptes donc ils ne sont pas dans un schéma où ils vont chercher de l’argent maintenant. Et puis, je crois que depuis le début de l’année, on a dû en mettre une trentaine quand même. Donc, ce n’est pas non plus… On aurait aimé en avoir mis 800, tu vois, mais c’est vrai qu’il y a des plateformes où il y a de longs moments sans activité.

M : D’accord. Et Pascal qui nous dit, allez-vous étoffer vos analyses, et en particulier dans la rubrique, « Pourquoi, je vais rembourser ? » parce qu’il n’y a aucune variation importante de poste qui est expliquée. Donc, il donne un exemple d’un dossier Somega du centre, notamment parce qu’il y a le chiffre d’affaires qui baisse. Et le pourquoi du relancement 2015 ? En fait, la question c’est est-ce que vous avez prévu d’étoffer les pages d’analyse financière ou donner plus d’indicateurs financiers. Est-ce que c’est parfait ? Est-ce que ça ne l’est pas ? On constate des vraies différences entre les plateformes donc…

N : En général, quand il y a des variations qui nous paraissent significatives, on les explique. Je ne regarde pas non plus tous les dossiers, mais effectivement, il n’y a pas d’explication à cette variation, c’est parce qu’elle ne devrait peut-être pas avoir un impact suffisant, enfin, un motif suffisant pour justifier l’explication. Mais j’ai en tête des dossiers où on expliquait les choses notamment par une faute des exercices qui ont duré 18 mois ou 9 mois, enfin, ce genre de chose. Pour répondre à ta question, non, on ne va pas étoffer les choses, j’ai tendance à dire on va même plutôt les réduire. Pour une raison très simple, c’est qu’en fait, on n’a pas du tout comme philosophie de faire du private equity. C’est-à-dire que nous, on souhaite donner une information qui soit suffisante pour comprendre, mais qui ne décourage pas les gens qui ne sont pas des analystes financiers chevronnés. Alors, que ça frustre des analystes financiers chevronnés, je comprends parfaitement. Je n’ai aucun problème avec ça. Mais j’allais dire, si vous voulez faire de l’analyse financière, faites vous embaucher par une banque et allez tricoter des dossiers. Nous, le but si tu veux, c’est quand même que les 9 000 et quelques prêteurs d’Unilend, ils puissent chacun avec leur niveau, comprendre en français de quoi on parle, et que ça ne soit pas non plus une prise de tête. On n’est pas en train de faire une due diligence de levée de fonds… ou des choses comme ça. Et puis, je pense, mais je peux me tromper, le régulateur le verrait autrement, mais je pense qu’à moyen terme, le régulateur nous demandera probablement de masquer un certain nombre de choses, de présenter différemment, etc. C’est mon pari !

M : D’accord. Alors que les gens, en tout cas du forum, attendent plus d’explication…

N : Mais tu vois sur des plateformes anglo-saxonnes plus mures, tu as beaucoup moins d’information que chez nous, beaucoup moins, c’est extrêmement succinct.

M : D’accord.

N : Nous, ce qu’on a essayé de trouver comme équilibre, c’est une information qui soit suffisante pour comprendre de quoi on parle, pour comprendre l’entreprise, comprendre son projet, comprendre ses grands équilibres financiers, mais qui en même temps, parce que de l’autre côté, il faut bien comprendre que les emprunteurs, il y en a beaucoup pour lesquels ils se dévoilent, donc, il y a beaucoup par exemple qui ne publient pas leur compte, pour des raisons de concurrence, pour des raisons de voisinage, pour tout un tas de choses si tu veux. Et donc, quelque part, ils acceptent de le faire, bien évidemment, on va vérifier ces comptes à travers les liasses fiscales, l’expert comptable, etc. Mais il faut dire que pour eux, ils vont bien au-delà de ce tu pourrais trouver sur internet si tu veux. Donc quelque part, ils se mettent à nu pour ça. Donc, nous on essaie de trouver cet équilibre entre ce que peut dire un emprunteur qui soit suffisant pour qu’un prêteur puisse prendre des décisions, mais sans en même temps entrer dans tous les détails, et sans noyer les gens dans des trucs très techniques parce que l’analyse financière qu’on va pouvoir faire, nous, elle va être incompréhensible pour 99 % des prêteurs. Nous, on a la vocation, nous, à créer une marque qui soit grand public, ça il faut le comprendre.

M : Donc, toi tu veux que M. et Mme Michu prêtent, sans poser de questions et qu’ils n’analysent pas le dossier, c’est ça ta conclusion ?

N : Non, je veux simplement qu’il puisse avoir une compréhension de la chose sans forcément que ça requière de leur part d’être un analyste financier diplômé du SFAF. Tu sais, la plupart des gens qui sont sur ton forum, je vois bien, il y en a quelques-uns dont ça a été le seul métier, on le voit bien. Donc, c’est normal aussi qu’ils aient une certaine frustration. Mais ce n’est pas le cas de l’immense majorité des prêteurs qui sont sur la plateforme.

M : D’accord. Bon, Nicolas, il y a une rébellion, alors on va essayer de répondre sinon on va m’accuser de censure, comme ça a déjà été fait. Ce que je ne veux vraiment pas faire, donc, ce n’est pas le but. Donc, ah il y a Philippe qui demande quel est l’engagement du taux de défaut ? Quel est l’engagement, quel taux de défaut anticipé ? Sandrine qui demande quel sera l’évolution du taux de défaut, je crois que c’est tout. Donc, toi tu nous as dit tout à l’heure que ce n’était pas satisfaisant aujourd’hui….

N : On n’a jamais annoncé un taux de défaut à 1 ou 2 %, jamais, jamais. La seule chose que j’ai dite, c’est que sur les portefeuilles, le cout du risque dans le portefeuille bancaire de PME, ce qui était la seule donnée statistique disponible à l’époque, il était de 2 %. C’est la seule chose que j’ai dite. Je n’ai jamais dit que la plateforme serait à 1 ou 2 %, et c’est pour ça que je suis très étonné de ce que peuvent m’annoncer d’autres parce qu’à mon avis, ils vont avoir des surprises. Moi, je pense qu’on est aujourd’hui dans les 3 – 4 % de cout du risque et je pense qu’on va rester dans ces eaux-là.

M : Non, mais, enfin j’imagine, tu fais des business plan comme tout le monde. Ça fait partie d’un des critères…

N : C’est une variable où tu es obligé de prendre des hypothèses. C’est comme si demain tu disais : « Je vais m’engager, je gère un fonds d’actions françaises, je vais m’engager sur le niveau du CAC 40 dans un an ».

M : Non, c’est une évidence, mais ce taux de défaut là, vous allez essayer de le faire baisser en tout cas. Comme le taux actuel est quand même assez élevé si on se réfère aux stats actuelles. L’objectif c’est de le faire baisser, ce n’est pas de le faire augmenter, c’est de le baisser au niveau où il est aujourd’hui. Au moins, donnez une piste sur quel est le taux de défaut objectif que vous vous êtes fixés ?

N : Je te dis 3 – 4 %, je pense que ce serait quelque chose à mon avis qui serait pas mal parce que ça ferait du 5 et quelques net dans la durée donc c’est bien.

M : D’accord. Bon, écoute, je pense que voilà, on a dépassé le créneau !

N : Non Philippe, je ne l’ai jamais dit. Vous pouvez me retrouver une preuve, mais non, je ne l’ai jamais dit.

M : Ah ! Il a ressorti un article, tout est dessus… Et bien, j’en profite, je suis désolé s’il y a des frustrations aux gens qui nous écoutent, mais je fixe un délai, on ne peut pas rester 2 heures en ligne, donc, j’essaie de faire le mieux et…

N : C’est effectivement écrit, après ce n’est pas forcément un truc que tu relis, donc, tu peux avoir des interprétations des journalistes, c’est le grand classique. Si on me l’avait dit dès le départ qu’on pensait qu’on aurait un taux de défaut de 1 à 2 %, on l’aurait écrit sur la plateforme, on ne l’a jamais écrit sur la plateforme.

M : D’accord. Il redit un peu ce qu’il dit sur son article.

N : Malheureusement, c’est l’évidence. Je veux dire, il faut comprendre aussi une chose, c’est que pour faire une plateforme, il faut aussi savoir gérer ses défauts. Voilà, c’est comme ça. Ceux qui pensent qu’ils n’auront jamais de défauts, ils n’ont qu’à changer de métier. C’est comme dans toute la finance.

M : C’est quand même un point important parce que…

N : On l’explique sur toutes les pages du site, systématiquement, il y a marqué qu’il y a un risque, qu’il faut diversifier, qu’il ne faut pas prêter des sommes, etc. On a toujours toujours toujours… Il y a même des gens… On a même reçu un mail d’un prêteur comme quoi il y a tous les comportements chez les prêteurs, tu as un prêteur qui nous a écrit un jour : « Je suis désolé, vraiment je m’excuse, je n’ai pas fait ce que vous avez dit, je n’ai pas assez diversifié, mais du coup, est-ce que je peux quand même avoir de l’info sur le dossier sur lequel j’ai un défaut ? » Tu vois, donc, ça prouve que le message est passé.

M : D’accord. Bon, écoutez je vais pouvoir te…

N : Oui, on est au suivi des stats des défauts des PME en France, parce que les PME en France c’est 138 000 entreprises qui font plus de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ce ne sont pas les TPE. C’est toute l’arnaque des histoires des statistiques de la banque de France, des banques, etc. Quand vous avez une grande banque Nationale qui d’ailleurs, elle ne l’a pas fait cette année, je n’ai pas vu l’article de 8 pages dans Les Echos qui dit cette année, on va prêter 10 milliards aux PME, on parle des 138 000 entreprises qui font entre 2 millions et 250 millions de chiffre d’affaires pour lesquelles les banques se battent pour leur prêter. Donc, oui, ces entreprises-là, elles ont un taux de défaut plus faible que les TPE.

M : OK. Allez, on va s’arrêter là. Oui, je voudrais que tu dises aux auditeurs qui sont là, que même si tu ne réponds pas, tu lis le forum. Tu m’as même dit une fois, dès fois je vois des trucs, je m’en mors les… parce que j’aimerais bien répondre !

N :… parce que précisément dans cette politique de ne pas favoriser certains prêteurs par rapport à d’autres, de ne jamais répondre sur le forum. Parce que je considère qu’on n’est pas là pour faire de la vente, d’ailleurs on ne vend rien, en tout cas, on ne vend pas de projet, on vend un service sur Unilend et puis surtout, on ne veut pas donner des informations à certains et pas à d’autres. C’est pourquoi on n’intervient pas sur le forum. Et parfois, c’est vrai que ça nous démangerait. Donc je te remercie de m’avoir donné l’occasion de pouvoir répondre, même si on n’avait pas pu répondre à tout le monde parce que ça défile, ça défile, moi, j’ai plein de questions. Moi, j’ai encore 1 heure devant moi, mais je pense que toi, tu as envie d’aller diner et on le refait quand tu veux.

M : Tu peux juste me donner 3 renseignements sur l’avenir d’Unilend. Quel est le nombre de dossiers et financement prêtés sur la prochaine année, vous avez une idée ?

N : Oui.

M : Et puis, développement international, j’aimerais bien savoir où vous en êtes parce que ça avait été annoncé il y a quelque temps déjà, notamment lors de la levée, et savoir si vous prévoyez d’aller…

N : Écoute, sur le nombre de dossiers financés, je pense qu’on va en faire plusieurs centaines cette année, te dire exactement combien, c’est compliqué. Je n’aime pas annoncer les chiffres à l’emporte-pièce pour faire genre et puis en fait… Je trouve que ça ne sert à rien, ce n’est pas une course à l’échalote. Et sur l’international, on l’a effectivement dit au moment de la levée, on allait regarder à l’étranger. Oui, on est en train de regarder l’Italie qui est un marché qui a plusieurs intérêts pour nous parce que c’est un marché où il y a beaucoup de PME, on parle évidemment du nord de l’Italie, on ne va pas aller s’aventurer au-dessus du… On a un fonds d’investissement dans notre capital qui est italien qui nous aide à nouer les bons contacts sur place pour être au côté d’une bonne équipe, parce que je pense que c’est un marché sur lequel il faut avoir des expertises locales. Et on le lancera quand on sera prêt. Mon rêve ! Est-ce qu’on y arrivera ? C’est de pouvoir faire communiquer les deux plateformes, c’est-à-dire que si les gens le souhaitent, les Italiens peuvent prêter aux projets italiens et aux projets français et les Français aux projets français et aux projets italiens. Et puis demain les pays, on verra lesquels, chaque chose en sont temps !

M : D’accord. Et bien, écoute, merci, Nicolas. Merci aussi à tous ceux qui nous ont suivis et désolé sur les frustrations. Et donc, on se refait ça dans 6 mois pour voir si le taux de défaut a évolué, c’est ça ?

N : Oui !

M : Et donc, comme ça les auditeurs pourraient être présents et on verra ce qui se sera passé. Allez, merci beaucoup à tous, et puis à très bientôt !

N : Merci à toi. Salut Mathieu, au revoir à tous !

Une réponse à “Interview de Nicolas LESUR – Unilend – 8 mars 2016 à 20h15”

  1. SmartWatch

    Très bien. Hâte de pouvoir lui poser des questions très précises. Matthieu, on compte sur toi pour qu’il ne soit pas « langue de bois » 😉

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  2. Jacquouille

    J’espère que tu vas le cuisiner sur le nombre de défaillances sur sa plateforme.

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  3. tintin

    J’attends toujours ma réponse sur les circonstances du plantage de Smok It…

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  4. Pascal

    Attention de ne pas tomber dans le réquisitoire et essayer de rester constructif. Oui il doit s’expliquer sur le nombre élevé de défaillance mais il faut également reconnaître que depuis la fin de l’été les projets sont de meilleurs qualités (voir ce qui a changé).
    Comment est il structuré au niveau analyse des entreprises, va t’il voir les entreprises ou se contente t’il d’une analyse sur pièce?
    Regarde t’il le fichier FIBEN systématiquement lors de sa prise de décision (peut être par l’intermédiaire de Groupama)?
    Il doit aussi nous dire ou il en est avec Groupama depuis son rachat partiel.
    Prévoit il une assurance pour les impayés?
    Une question importante concerne sa gestion des retards de paiements et la possibilité d’inscrire les incidents sur le fichier FIBEN.

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    • Pascal

      Un exemple sur les questions que l’on peut se poser quand on regarde un dossier
      Je prends Somega du Centre
      A partir de site comme Manageo.fr, on peut constater une dégradation du CA, du RCAI sur 2012-2013 et 2014
      CA 2012 : 3 023 K€, 2013 : 2 585 K€ et 2014 : 2 452 K€
      RCAI 2012 : 289 K€, 2013 : 66K€ et 2014 39K€

      Effectivement sur 2015 il semble y avoir un gros redressement de la situation mais j’aurais aimé (une fois de plus) qu’Unilend nous donne des détails sur cette baisse de 2012 à 2014 et le pourquoi de redressement en 2015

      @Mathieu
      D’une façon plus générale c’est un point à soulever le 8 mars, le manque d’explication sur les mouvements des chiffres proposés je n’ose appelé cela autrement tellement c’est pauvre et de premier degré). J’espère qu’ils se posent les mêmes questions que nous.
      Sinon il se pourrait que certains d’entre nous appellent directement les emprunteurs pour avoir les explications ce qui serait très mauvais pour la plateforme et le crowdlending en général

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  5. Pascal

    Je trouve inadmissible la réponse de M Lesur qui nous annonce vouloir baisser le niveau d’information des entreprises qu’il présente.
    Il nous prend vraiment pour des gogos « allez les petits, investissez à l’aveugle et faites moi confiance de toute façon les 3/4 d’entre vous sont trop inculte pour comprendre ce que je pourrais vous dire, quand aux autres tant pis pour vous mais vous ne représentez pas grand chose pour moi »
    L’art de ramener le crowdlunding au niveau du livret A mais avec les risques en plus

    Nous ne demandions cependant pas beaucoup de choses, simplement qu’il nous donne les principaux rations et qu’il commente les grosses variations comme pour le CA et RCAI de Somenga de Centre
    je rappelle les données
    CA 2012 : 3 023 K€, 2013 : 2 585 K€ et 2014 : 2 452 K€
    RCAI 2012 : 289 K€, 2013 : 66K€ et 2014 39K€
    Effectivement sur 2015 il semble y avoir un gros redressement de la situation mais j’aurais aimé (une fois de plus) qu’Unilend nous donne des détails sur cette baisse de 2012 à 2014 et le pourquoi de redressement en 2015

    A force de nous prendre pour des gogos je me pose de plus en plus la question de ma présence sur ce site

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    • Teodoro

      Je comprends parfaitement votre réaction (c’est un peu la mienne aussi), cependant si l’on se place du point de vue développement de la PF Unilend comme entreprise, c’est probablement une orientation logique.

      Moins d’informations fournies c’est:
      1°) plus d’entreprises susceptibles de présenter leur projet (et pas forcément parcequ’elles sont « mauvaises »). Et probablement des projets un peu plus « gros ».
      2°) moins de particuliers « effrayés » par les informations. L’objectif c’est probablement d’avoir un très grand nombre de particuliers « normaux » prêteurs. Il faut donc que ce soit simple.
      Mais cela supposera:
      1°) une plus grande responsabilité de la PF Unilend dans les notations qu’elle fera sur la base de toutes les informations auxquelles elle aura accès.
      2°) la confiance du particulier prêteur dans l’analyse d’Unilend.

      Si le taux de défaut réussit à baisser dans les mois qui viennent et que le recouvrement soit plus que virtuel les conditions pourront être réunies pour cette orientation. Mais si le taux de défaut reste ce qu’il est aujourd’hui et que les recouvrements restent aussi faibles…

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      • Pascal

        Bonjour

        Je suis assez d’accord avec vous à l’exception de la simplicité pour attirer le chaland.

        Arrêtons de faire n’importe quoi tout simplement pour faire miroiter des gains hors normes et arrêtons aussi d’abaisser le niveau comme malheureusement on a trop tendance à faire en France (malheureusement c’est pas parce que tout le monde aura le BAC qu’il auront du boulot) à tous les niveaux

        La première question à se poser est, ce genre d’investissement est il fait pour M tout le monde? J’ai toujours été pour une connaissance approfondie des supports cela évite souvent bien des problèmes surtout avec ces placements à risques élevés.

        Si l’on est pas capable d’analyser le risque (sans que cela soit péjoratif par exemple mon fils qui est ingénieur n’a aucune connaissance de l’analyse financière et c’est logique) alors on peut confier la gestion de son patrimoine à un expert comme des gestionnaires de fortune (on peut confier son capital avec 10 000 euros). Combien de personnes ne connaissent pas la répartition de leur portefeuille et combien mettent trop d’argent par rapport à leur patrimoine dans le crowdlunding. Avec un gestionnaire de fortune il y aura une approche global du patrimoine et une affectation des placements en fonction des objectifs et de l’appétence aux risques. Sinon il y a les SICAVS (même si certaines sont très risquées) et pourquoi pas son banquier.

        Vous allez me dire pourquoi ne pas faire confiance à une plateforme? tout simplement parce que sa rémunération se fait sur le nombre de dossiers financés. Bien sûr elle ne peut pas faire n’importe quoi mais elle doit arbitrer entre son CA et le risque qu’elle fait prendre aux investisseurs. Le jour ou une plateforme investira dans tous ces projets et donc prendra les mêmes risques que ces clients je reconsidérerai ma position mais pas avant.

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  6. Wislvlerhill

    Merci pour cet entretien, même si nous aurions souhaité plus de réponses…
    Dès le lendemain, nous avons touché un remboursement sur deux dossiers mis en recouvrement : coïncidence ou remontage de boulons ?

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  7. thierry_j

    Je trouve la position de N. Lesur contradictoire: d’un côté, sur le système des enchères, il affirme que les prêteurs sont mieux placés que la plate-forme pour définir les taux, et d’un autre côté il affirme que la plate-forme doit être accessible au plus grand nombre. Ce n’est pas en limitant les informations que le prêteurs pourront mieux évaluer le projet et décider du taux.

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  8. Halucinant

    Ce type est hallucinant, le nombre de fois où il dit qu’il ne connaît pas des informations relatives à sa plateforme laisse un sentiment d’amateurisme certain dans la participation à cette interview. Cela s’est vérifié dans ses interventions suivantes (cbanque entre autre)

    Bref, je ne m’aventurerai pas sur cette plateforme

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  9. HS1

    Le passage sur le TRI est croustillant ! En effet ce taux étant calculé sans enlevé la part fiscale ,meme avec un rendement négatif , et bien ton TRI est lui toujours positif !

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