Les plateformes de Digital Lending : des acteurs plus sûrs que les banques ?

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Les plateformes de digital lending sont jugées moins sûres que les banques à l’aune de leurs taux de défauts. Pointer du doigt cet indicateur est cependant fallacieux car les défauts font partie intégrante du business model annoncé par les plateformes. Pour évaluer la sûreté d’une institution financière, il faut se pencher sur un aspect moins connu : la qualité des processus de contrôle. Les processus de contrôle désignent les dispositifs mis en place pour s’assurer que l’organisation respecte sa feuille de route comme par exemple les contrôles KYC (Know Your Customer) ou AML (Anti Money Laundering). Alors que les banques superposent les processus de contrôle au détriment de leur expérience utilisateur, les plateformes ont su jusqu’à présent éviter cet écueil. Peuvent-elles devenir plus sûres que les banques sans remettre en cause ce qui fait leur succès, à savoir leur simplicité et leur efficacité ?

 

Des contraintes qui se renforcent

 

En plaçant au centre de leur démarche le besoin de l’utilisateur, les plateformes de digital lending sont parvenues à s’imposer dans le paysage du prêt. Néanmoins, sous la pression de différents facteurs, ces fintechs sont amenées à renverser leurs priorités en mettant l’accent sur la qualité des processus de contrôle.

Tout d’abord, le régulateur renforce sa surveillance à mesure que les acteurs se développent. En janvier 2017, le leader français Younited Credit fut la première fintech mise en cause par l’AMF. Selon l’AGEFI, l’AMF reprochait alors à Younited Credit de ne pas avoir « procédé à une catégorisation rigoureuse d’une partie de sa clientèle » et d’avoir « commercialisé des parts de fonds commun de titrisation auprès de clients non professionnels ».

De la même manière, les exigences accrues des investisseurs conduisent à la multiplication des processus de contrôle. Le développement d’outils collaboratifs comme l’Agrégateur de crowdlending.fr permet d’identifier et relayer toute anomalie sur les plateformes. Ainsi, une communication projet approximative ou des suivis de paiements mal contrôlés passent de moins en moins inaperçus.

Enfin, la concurrence bancaire reste importante en France. 66% des besoins de financements sont satisfaits par le prêt bancaire en France contre 41% au Royaume-Uni selon les données de la Commission Européenne datant de 2016. Les plateformes doivent donc s’aligner sur les standards de sûreté bancaire si elles souhaitent attirer les utilisateurs.

 

Le risque de défiance de l’utilisateur

 

Dès lors, les plateformes n’ont d’autres choix que de renforcer leurs processus de contrôle. Or, comment y parvenir sans entraver l’expérience utilisateur ? Par ailleurs, comment offrir un service aussi sûr que les banques alors que ces dernières peuvent capitaliser sur des référentiels clients gigantesques et sur l’accès aux comptes des entreprises et des individus ?

Pour répondre à ce besoin bon nombre de prestataires de sécurité développent leurs services. Lors de la dernière conférence Lendit à Londres, la plupart des exposants proposaient des solutions renforçant la sécurité et la transparence des plateformes tout en préservant la fluidité de l’expérience client. Si l’intention est louable, les procédés peuvent s’avérer inquiétants pour l’utilisateur final. Par exemple, une société proposait de vérifier l’existence de l’utilisateur sur la base de son adresse email. Alors que l’utilisateur ne pense fournir qu’une simple adresse, la société en question est capable de tracer quand et comment l’adresse email a été utilisée.

Si ces problématiques d’accès aux données personnelles sont bien connues, elles ne représentent pas moins un risque pour les plateformes. A force de vouloir préserver leur simplicité, elle risque de mettre en place des processus de contrôle de moins en moins transparents pour l’utilisateur et ainsi créer un sentiment de défiance.

 

Le capital confiance : pierre angulaire de contrôles efficaces

 

Les plateformes sont-elles donc condamnées à reproduire les erreurs des banques en matière de contrôle ? Non, car la sécurité n’est pas nécessairement synonyme de complexité. Le partenariat entre Finexkap et le logiciel comptable Sage en est une illustration. Grâce à ce partenariat, Finexkap offre une solution de financement simple d’utilisation tout en limitant fortement le risque de falsification de données comptables.

Pour parvenir à mettre en place des solutions vertueuses faisant la synthèse entre simplicité et sécurité, il faut néanmoins bénéficier de l’adhésion de l’utilisateur. Celui-ci doit en effet avoir suffisamment confiance en ses prestataires pour autoriser ces derniers à partager des informations sensibles entre eux. Pour remporter la confiance des utilisateurs, le dirigeant de Zopa, Jaider Janardana, le leader britannique du prêt aux consommateurs, propose de refonder les services bancaires avec une offre plus juste, plus simple et plus transparente. En l’absence de ces éléments, on assiste selon lui à « une érosion de la confiance ». Dans ce contexte,

« certaines initiatives [des banques] qui partent d’une bonne intention, comme utiliser une empreinte digitale au lieu d’un mot de passe, […] ne remportent plus l’adhésion du client ».

Ainsi pour Jaider Janardana, afin de mettre en place des processus de contrôle de qualité, il faut avant tout développer une relation de confiance avec ses utilisateurs.

 

Conclusion

 

Dans la course à la sûreté, les plateformes de digital lending disposent d’un atout de taille : le soutien de leurs utilisateurs. Là où les banques n’ont plus le capital confiance nécessaire pour faire accepter des méthodes de contrôle innovantes, les plateformes ont l’oreille des utilisateurs. Reste aux plateformes à faire preuve de pédagogie sur la durée pour parvenir à mettre en place des solutions audacieuses mariant sûreté et simplicité. A cette condition, les plateformes pourraient bien devenir plus sûres que leurs concurrents bancaires.

 

 

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