Interview d’Amaury Blais, cofondateur et CEO de Lendosphère – Jeudi 23 mars 2017 à 20h15

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J’ai eu le plaisir d’interviewer en direct Amaury BLAIS, CEO de Lendosphère, le jeudi 23 mars 2017 à 20h15. Nous nous sommes particulièrement intéressés à sa plateforme spécialisée dans les énergies renouvelables (ENR) mais aussi au marché en général. Pour ceux qui n’étaient pas présents, voici le replay.

L’interview en video

 

 

Pourquoi vous auriez dû participer à ce webinar ?

 

Ce fût l’occasion de lui poser quelques questions telles que :

  • Comment voyez vous le crowdlending dans 1, 2 et 5 ans ? Comment voyez vous votre plateforme dans 1, 2 et 5 ans ?
  • Le financement participatif est-il un levier pour les énergies renouvelables (ENR) ?
  • Pourriez vous nous détailler votre processus de sélection ?
  • Quels conseils donneriez vous aux prêteurs pour limiter leur risque ?
  • Et d’autres … je ne peux pas toutes les dévoiler à l’avance … ça serait trop simple !

Mais surtout ce sera l’occasion pour vous de poser vos questions en direct.

 

Revoir les anciens webinar

 

Souleymane Galadima (Wiseed Immobilier) le 16 février 2017

Cyril Tramon (WeShareBonds) le 3 novembre 2016

Grégoire Dupont (ORIAS) le 27 juillet 2016

Frédéric Levy Morelle (Look&Fin) le 12 avril 2016

Nicolas Lesur (Unilend) le 8 mars 2016

Vincent Ricordeau (Lendopolis) le 9 février 2016

Thomas de Bourayne (Credit.fr) le 12 janvier 2016

Olivier Goy (Lendix) le 9 novembre 2015

 

Les questions et les réponses

 

Mathieu : Bonjour Amaury.

Amaury : Bonsoir Mathieu.

M : Oui ! Bonsoir. Bienvenue.

A : Merci d’organiser cet interview.

M : Merci à toi. Ça fait longtemps que j’aurais dû le faire, mais j’avais un peu ralenti sur les interviews. Voilà, c’est l’occasion de repartir sur 2017 sur de bonnes bases.

Écoute, je suis content parce que jusqu’à maintenant, je n’ai eu que des plateformes plus généralistes et plus de financement TPE, PME. Ce sera l’occasion de parler un peu d’énergie renouvelable. C’est un domaine que je connais moins donc j’ai plein de choses à apprendre.

A : Parfait.

M : Et donc, tu vas pouvoir nous expliquer tout ça. Et puis, j’ai l’impression que ça bouge pas mal dans cet ordre, que c’est très bien. Alors, juste pour commencer, si vous nous entendez. Juste ceux qui nous suivent : faites-nous un petit signe pour qu’on sache que vous êtes là. Je vois des « Bonsoir », donc c’est parfait. Vous m’entendez bien ? C’est parfait.

 

Est-ce que Amaury, tu pourrais nous dire d’où tu viens, qui tu es et comment t’en es arrivé à construire cette plateforme Lendosphere ?

A : D’accord. Alors, moi, je suis un ancien du secteur financier puisque j’ai travaillé pour différentes banques, notamment la BNP qui est la dernière dans laquelle j’ai été. Et je suis ingénieur de formation. J’ai créé Lendosphere il y a maintenant un peu plus de 2 ans. Quand le cadre règlementaire en fin 2014 a permis à la création des statuts IFP et CIP. Et on s’est lancé à deux associés dans l’aventure dans l’objectif de financer des projets exclusivement d’énergie renouvelable. Il s’agit de projets éoliens, des projets de photovoltaïque, avec un peu un double objectif. Celui effectivement de financer des projets, d’apporter une petite brique dans les financements qui sont assez complexes dans les énergies renouvelables.

Et puis, également celui de pouvoir impliquer les particuliers et préférentiellement les riverains des projets dans le financement de ces projets. Puisqu’on considère que la transition énergétique, on n’en est qu’au début. On commence à en entendre parler en ce moment puisqu’on est en période électorale, mais on va la vivre vraiment dans les années qui viennent. Et on pense que la population doit être impliquée dans cette transition qui nous concerne tous.

M : D’accord. On aura l’occasion d’en parler. Le deuxième aussi c’est Laure. C’est bien ce que tu disais ?

A : Oui.

M : D’accord.

A : Oui. Mon associée, c’est Laure Verhaeghe qui était journaliste. Un journaliste spécialisé dans le développement durable et principalement dans les problématiques de financement des énergies renouvelables.

M : Avant d’attaquer sur la plateforme… Je ne sais pas, est-ce que vous vous considérez sur le marché du crowdlending ? Est-ce que vous vous considérez plutôt sur le marché des énergies renouvelables ? Est-ce que c’est un peu un mix des deux ? Je dirais : comment tu vois ce marché du crowdfunding, du crowdlending par rapport aux énergies renouvelables ? Est-ce que tu penses qu’il va continuer à évoluer ? Est-ce qu’il va être exponentiel, qu’il va vraiment exploser ? Et ce que je dirais : le financement participatif peut aider à la transition énergétique vraiment ou est-ce que c’est un peu le contraire ? Enfin, qu’est ce que tu penses de ce marché : passé et futur ? Est-ce que tu peux nous en dire ?

 

A : D’accord. Pour répondre à la première partie de ta question : de facto, on est entre le crowdlending et le financement particulier des énergies renouvelables. Néanmoins, je me positionnerais plus sur la partie énergie renouvelable que sur la partie crowdlending. Parce que les autres plateformes de crowdlending ne sont pas vraiment des plateformes concurrentes à la mienne, on ne propose pas les mêmes services de financement, on ne touche pas non plus les mêmes investisseurs, souvent.

Et, je pense que nos clients et prospects, côté porteurs de projet, en règle générale, connaissent les plateformes spécialisées dans la transition énergétique, mais ne connaissent pas forcément les acteurs généralistes. Je précise ça pour indiquer qu’il s’agit de deux types de plateformes. Et ça, c’est un positionnement qu’on a voulu depuis le début et qui est assez différenciant de l’ensemble des plateformes généralistes, même celles qui proposent des offres de financement participatif pour les projets d’énergie renouvelable.

Et par rapport à ta deuxième question : comment j’envisage, comment je perçois l’évolution du financement participatif pour la transition énergétique, je pense que c’est que le début, vraiment.

Même aujourd’hui, Lendosphere, on a financé 54 projets. 54 projets pour un montant collecté d’à peu près 13 millions et demi d’euros, financés par un peu plus de 5000 personnes. Ce n’est qu’un début puisque les besoins en financement de la transition énergétique dans les années qui viennent se chiffrent à plusieurs milliards d’euros d’investissement par année rien que sur le territoire français. Les plateformes de financement participatif ne seront pas en mesure à elles seules de financer tous ces projets. Ce n’est pas du tout l’ambition qu’on a. On est vraiment une brique dans le montage financier de financement de ces projets. Les autres, ce sont les financements bancaires, après ça, il y a des fonds d’investissement qui proposent également leurs briques dans le financement de ces projets.

Et, je pense que le financement participatif pour ces projets spécifiquement d’énergie renouvelable va prendre une autre dimension pour la simple et bonne raison que la loi sur la transition énergétique invite les développeurs d’énergie renouvelable à solliciter les riverains dans le financement de leurs projets. Aujourd’hui, ça n’est qu’une incitation. Demain, et quand je dis « demain », c’est réellement dans l’année 2017 et dans les années qui vont venir, ils auront un intérêt économique à faire participer la population locale au financement de leur projet. Puisque l’électricité, ils la rendront plus chère si elle respecte des conditions particulières de financement participatif qu’ils auront proposé et réussi à collecter sur leurs projets.

M : D’accord. Justement, j’ai entendu parler du bonus financement participatif sur ces projets développement durable, c’est de ça que tu me parles en fait en disant « ils vont rendre l’électricité plus chère » ou est-ce que c’est autre chose ? Est-ce que c’est un taux bonifié ? Puisque par exemple, sur votre plateforme, vous avez des taux bonifiés. C’est ça ou c’est ? Comment on pourrait définir ce bonus au financement participatif ?

A : C’est dans le même modèle que le Danemark. Il a voulu il y a quelques années accélérer sa transition énergétique. Au Danemark, les producteurs d’énergie renouvelable avaient l’obligation d’ouvrir leur capital aux particuliers riverains des projets. C’était une obligation légale. En France, sur ce même modèle, aujourd’hui il y a des incitations, c’est-à-dire que les producteurs d’énergie renouvelable, quand ils déposent un projet à la commission de régulation de l’énergie, ça fait partie du process qui est nécessaire pour pouvoir installer ce type de projet, ils peuvent s’engager à faire du financement participatif dans des conditions qui ont été définies par le ministère et s’ils remplissent ces conditions de financement participatif, ils sont un bonus de 3 € par MWh sur la revente de l’énergie du parc photovoltaïque qu’ils installent.

Demain, les conditions seront probablement alignées pour les projets éoliens. Et, les producteurs d’énergie renouvelable, que ce soit dans l’éolien ou dans le photovoltaïque, aujourd’hui anticipent cette nouvelle règle qui avait été mise en place et commence à vraiment s’intéresser au financement participatif dans des mesures qui vont être de plus en plus attractives pour eux et également pour les particuliers.

M : D’accord. Tu m’as dit 3 € le mégawatt, sachant qu’aujourd’hui ils vendent 0,15 centime le kilowatt. C’est ça ?

A : Non. C’est eux qui proposent leur tarif, mais pour te donner un ordre d’idée, sur des bonnes centrales, ça peut correspondre à peu à 4 ou 5 % de chiffre d’affaires supplémentaire sur une durée d’une vingtaine d’années. Après ça, le financement participatif qu’on leur proposera, forcément coutera peut-être plus cher que ce qu’ils auraient obtenu dans des conditions de financement bancaire ou alors ce que les fonds propres leur coutent.

Après ça, la balance est à faire pour voir dans quelle mesure ils ont un intérêt économique à le faire puisque la plupart sont intéressés pour proposer aux riverains des projets d’investir dans leurs projets. Mais quand ils auront une réelle incitation économique à le faire, je pense que ça prendra une autre dimension. C’est-à-dire, on investira sur des montants beaucoup plus importants sur les projets. Et puis, quasiment tous les projets seront concernés par un volet participatif qui sera proposé.

M : D’accord. Et par rapport au marché global des énergies renouvelables, aujourd’hui le financement participatif, c’est quoi ? C’est une goutte d’eau comme dans les financements des PME ? C’est moins de 20 % si on raisonnait en financement ?

A : Oui, oui. Aujourd’hui, c’est vraiment une goutte d’eau. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’une éolienne en France, ça coute à peu près 1 million et demi d’euros par mégawatt. Et une éolienne en France, c’est à peu près entre 2 et 3 mégawatts. Je te laisse faire le calcul, qui est pas très compliqué. En cout d’investissement, ça revient à peu près à 3 millions d’euros à peu près par éolienne installée.

Aujourd’hui, on ne serait pas en mesure de financer la totalité d’un parc éolien. Puisque pour un financement cohérent, il faudrait qu’on finance sur une quinzaine ou une vingtaine d’années parce que c’est des projets qui s’amortissent, qui mettent quand même assez longtemps à s’amortir. Et pour monter ces projets, il y a différentes sources de financement qui interviennent. Il y a du financement très court terme qui peut être entre 6 mois et 1 an et demi pour certaines sources de financement. D’autres sources de financement, comme celles qu’on peut proposer, qui sont amorties sur quelques années, en règle générale, entre 3 et 5 ans, comme ce qu’on propose sur Lendosphere. Et la grosse partie du financement, qui est un financement bancaire, qui est amorti sur une quinzaine ou une vingtaine d’années.

M : D’accord.

A : Et le financement bancaire, en règle générale, correspond aujourd’hui à 80 % du financement total d’un projet. Et nous, en fonction des projets, on arrive entre 1 et 8 % à peu près.

M : D’accord. On va revenir justement sur l’explication des projets comme ça, on répondra à la question de Théodoro sur les spécificités des projets. Parce que c’est vrai que c’est assez compliqué à comprendre, je trouve. En tout cas, quand on n’est pas habitué. Très bien.

Alors, il y a Théodoro qui nous disait : « Quelles sont les spécificités des projets renouvelables par rapport aux projets généralistes d’un crowdlending ? Pourquoi est-ce si différent ? » Et justement, rien que dans le financement de ces projets, je trouve ça assez différent. Puisqu’en fait, comme tu le disais très bien, on va chercher des financements très courts termes pour aller jusqu’à la construction ou à chercher des capitaux propres, en tout cas, des apports du promoteur pour financer les premiers travaux. Et on finit par un financement bancaire sur 10, 15, peut-être 20 ans, je ne sais pas. Est-ce que tu peux nous redonner ce process un peu d’un projet typique éolien ?

Et avant ça, parce que tu parles en mégawatt justement sur une éolienne, du coup, il y a une question de XM : « Lendosphere a participé au financement de combien de mégawatts, mais ça représente quoi un mégawatt ? » Combien de foyers on alimente, par exemple ? Est-ce qu’on peut penser comme ça ? Est-ce qu’on peut répondre à cette question ?

A : En fait, l’unité de mégawatt, ça correspond à une puissance, ça ne correspond pas à une quantité d’énergie qui est produite. Mais, bien entendu, en règle générale, pour un projet bien calibré, plus la puissance est importante, plus il y aura de l’énergie qui est produite si les conditions de vent le permettent, bien entendu. Sur tous les projets que l’on présente sur Lendosphere, on indique le bassin de population que le projet éolien alimente.

M : D’accord.

A : Et ça dépend vraiment des endroits. Il y a des zones qui sont très venteuses, des zones qui le sont moins. Mais pour te donner un ordre d’idée, une éolienne, ça peut couvrir 2000 à 3000 foyers en électricité.

M : Ah ! Quand même. 2000 à 3000 foyers sur toute une année !

A : Oui, oui.

M : D’accord.

A : Après ça, encore une fois, ça dépend des parcs. Là où c’est assez intéressant les énergies renouvelables, c’est qu’on peut prévoir d’une manière assez précise combien un parc va générer de cash flow. Quel est son modèle économique ?

Le cycle de vie d’un parc éolien, c’est une première étape qui va être une phase de développement. C’est-à-dire que c’est une entreprise qui va aller sur un territoire, qui va s’intéresser à un territoire et qui va regarder dans quelles mesures elle peut installer un champ d’éoliennes. En étudiant le vent, c’est-à-dire qu’elle va poser un moyen de mesure pendant un ou deux ans, c’est à elle de voir, pour calculer la vitesse du vent sur une année ou sur deux années pour avoir les mesures les plus fiables possible.

Et puis ensuite, elle va regarder le territoire pour savoir dans quelles mesures ce projet est accepté sur le territoire, répond à la règlementation qui est assez contraignante quand même sur l’espacement, sur la manière dont on installe les éoliennes, etc. Et ça, toute cette phase de développement, elle va durer entre 5 et 7 ans, parfois même un peu plus. En France, le process est quand même assez long pour avoir toutes les autorisations requises pour pouvoir installer une éolienne.

Alors, il y a tout un tas de financements qui sont nécessaires pour cette phase, mais c’est du financement assez court terme qui souvent est apporté par l’entreprise sans financement externe, sans avoir besoin de solliciter les banques à ces stades-là. Quand sur Lendosphere on finance ces stades de développement, on ne finance pas un projet à proprement parler, on finance une entreprise qui porte ce projet. Et c’est ce qu’on appelle du financement corporate, c’est l’entreprise qui a son activité et qui exploite différents projets éoliens. Et par ceux en activité, elle pourra rembourser les prêteurs des opérations qu’on présente.

M : Et ça, vous stipulez sur les projets ? C’est une typicité du projet, le fait de dire « C’est une enveloppe » ?

A : Oui, on le précise sur les tous les projets. Notamment dans la documentation règlementaire, qui est sur les projets, mais également dans la présentation des projets, on indique si on finance le projet à proprement parler ou si on finance l’entreprise qui porte ce projet.

Pourquoi cette distinction entre financer une entreprise et financer un projet ? Parce que pour les énergies renouvelables comme pour les financements des infrastructures en règle générale, il y a une société qui est créée par parc éolien. C’est-à-dire qu’une entreprise qui développe ses projets d’énergie renouvelable a sa société mère qui fait du développement, qui fait de la prospection, qui fait de l’ingénierie, qui fait de la maintenance des éoliennes et fait tout un tas d’activités liées à l’exploitation de ces différentes filiales qui sont des filiales qui n’ont aucun humain, qui n’ont aucun employé qui travaille, qui sont des filiales qui ne contiennent que les autorisations, dans un premier temps, en phase de développement et ensuite, les éoliennes qui tournent et qui génèrent de l’électricité, et donc des revenus.

M : On peut faire le parallèle avec la promotion immobilière, on est dans le même chemin.

A : C’est ça. La promotion immobilière, ça y ressemble beaucoup effectivement.

Quand on arrive en financement de projet, on finance un projet à proprement parlé qui est indépendant, qui est un actionnaire qui est la société de développement, le plus souvent. Mais on finance ce projet avec le modèle économique de ce projet, qu’on connait de manière assez fiable puisqu’on a étudié le vent déjà pendant 2 ans. Et qu’on est sur une technologie qui est quand même mature puisque l’éolien, ça fait quand même quelques années qu’on a des retours d’expérience et qu’un industriel dans l’éolien prévoit assez facilement combien son parc va produire et dans quelle mesure il peut équilibrer le financement.

M : D’accord.

A : Et je crois qu’il y avait une deuxième partie à ta question ?

M : Je me souviens plus vraiment, j’ai perdu le fil.

A : « Quelles sont les spécificités des projets renouvelables par rapport aux projets généralistes ? » c’est qu’on vient de dire. Parfois, on finance des entreprises qui sont des PME ou OTI classiques dans l’activité et de développer ces projets, parfois on finance directement des projets. Et ça, on le mentionne sur chacun des projets.

Et on préfère arriver sur l’un ou sur l’autre en fonction de la maturité du projet. Quand un projet est en phase de construction, on a un modèle économique qui est beaucoup plus rassurant que quand un projet est en phase de développement. C’est pour ça, quand on arrive en phase de développement, on ne va pas prendre le modèle économique du projet à proprement parlé, on va prendre le modèle économique de la société qui développe le projet.

M : Et en termes de risque, comment on peut évaluer les risques sur ce genre de projet ? Et ce que ce sont des projets risqués ? Est-ce qu’on peut considérer qu’ils sont plus risqués en phase développement si on finance cette société qui est en phase de développement ? Comment on peut évaluer ces risques ? En fait, moi, je ne connais pas du tout, je ne maitrise pas. Est-ce qu’il y en a ?

En fait, moi, je vois un risque, je peux me tromper complètement, mais je vois un risque. J’ai l’impression que sur la plateforme, par exemple, on retrouve des sociétés qui empruntent à plusieurs reprises et qui peuvent emprunter plein de fois. Je pense, notamment chez vous, à InnoVent…

A : Oui.

M :… ou à Valorem. Est-ce qu’on peut penser ou est-ce qu’on peut dire que la somme des emprunts va donner du risque à cette société-là ou pas ? J’aimerais bien comprendre un peu. Est-ce que tu peux nous éclaircir sur la question ?

A : Vu la typologie d’entreprise que c’est, c’est des entreprises qui ont besoin de beaucoup de financement. À la différence de beaucoup d’entreprises classiques de TPE ou PME qui autofinancent leurs activités et qui n’ont pas besoin de financement très important pour exploiter leurs activités. À la différence, les entreprises dans le développement durable sont des entreprises qui sont très endettées par leur fonctionnement économique, qui ont besoin de s’endetter beaucoup parce que les montants qu’elles doivent financer portent sur plusieurs millions, voire dizaines de millions d’euros parfois. Et, dans une logique de cohérence, elles doivent optimiser au maximum leur modèle de fonctionnement, et pour l’optimiser, elles recourent à différentes sources de financement.

Là, tu parlais d’Innovent, Innovent a emprunté assez régulièrement sur notre plateforme. InnoVent vient également de lever 10 millions d’euros en dettes bancaires, en financement bancaire classique pour financer ses différents projets. Et puis, InnoVent, société mère, a levé 10 millions d’euros pour développer son activité, et donc pouvoir investir dans les projets qu’elle arrive… sans parler des financements qu’elle obtient sur chacune de ses sociétés de production de l’énergie.

Est-ce que ça représente un risque ? On ne va pas dire que le risque n’existe pas. Néanmoins, sur notre plateforme, on n’a jamais eu ni retard ni défaut de payement et on envisage de garder ces statistiques plutôt encourageantes pour la transition énergétique. Et, par rapport au secteur des énergies renouvelables, c’est un secteur qui est quand même assez concentré sur un nombre assez restreint d’acteurs. Dans l’éolien, il y doit y avoir une cinquantaine d’acteurs en France, à peu près, dont une vingtaine doit représenter à peu les trois quarts du marché.

M : D’accord. Ce cas-là, ça ne va grossir que sur ces acteurs-là ?

A : Ça ne va grossir que sur ces acteurs-là.

M : Donc, il y a une barrière à l’entrée aujourd’hui qui est assez fabuleuse, je pense qu’un propriétaire lambda, il ne peut pas arriver sur marché aujourd’hui.

A : Dans l’éolien oui, effectivement, il y a une grosse barrière à l’entrée. Dans le photovoltaïque, il commence à y avoir une barrière à l’entrée de plus en plus importante. Puisque les projets, étant dans une compétition de plus en plus forte, et les projets étant des projets capitalistiques, dans le sens où ils ont besoin de gros financements pour pouvoir voir le jour, ceux qui arrivent à proposer les projets les plus compétitifs sont ceux qui revendent l’énergie la moins chère, au tarif le plus compétitif. Et pour pouvoir faire ça, c’est uniquement des entreprises qui arrivent à trouver des financements peu chers. Et, comment elles arrivent à trouver des financements peu chers ? En ayant une surface financière importante et en trouvant les financements les plus adaptés à leur projet.

M : Il y a Theodoro là, qui dit, il connait un peu le marché, lui : « Pour rappel, en Allemagne, Procon, spécialisé en éolien, c’est la ruine de dizaines de milliers d’investisseurs. » Tu connais ce cas ? Ça te parle ?

A : Non.

M : Tu ne connais pas ce cas ?

A : Non, je ne connais pas ce cas. J’ai entendu effectivement qu’en Allemagne il y a pu avoir un scandale qui avait fait mauvaise presse dans le financement participatif, mais je n’ai jamais regardé plus en détail. Le modèle également est assez différent. En France, on a la chance jusqu’alors d’avoir un modèle qui est assez sécurisé dans les énergies renouvelables puisqu’au moment où vous installez des éoliennes, même avant, vous avez contractualisé avec EDF le rachat de 100 % de l’énergie qui va être produite par le parc. Et bien entendu, un quelconque créancier qui va prêter pour ce parc, il va s’assurer que le productible, à savoir le vent, a été mesuré avec une précision suffisante pour « garantir » un modèle économique pérenne sur toute la durée de l’exploitation du parc.

M : Je reviens sur la question de Pascal parce que c’est vrai qu’on parle beaucoup d’éolien, est-ce que c’est la spécificité Lendosphere ? Est-ce que vous vous concentrez sur l’éolien ? Est-ce que vous faites aussi du solaire ? Est-ce que vous, vous développez les deux, ou pas du tout ?

A : On a deux tiers d’éolien à peu près et un tiers de photovoltaïque. Je pense que ça aura une tendance à évoluer, par rapport notamment à ce que j’ai évoqué tout à l’heure, à savoir le bonus qui sera proposé aux producteurs d’énergie photovoltaïque quand ils auront fait appel au financement participatif.

M : Et ça, on ne l’aura pas sur l’éolien ?

A : On l’aura probablement sur l’éolien, mais aujourd’hui rien n’est encore lancé. Ça l’est dans le photovoltaïque depuis 1 mois. Et ça va l’être pendant trois années. Et ça le sera probablement dans l’éolien, mais pour l’instant rien n’est encore sûr, d’ici un an à peu près.

M : D’accord. Très bien. Là, il y a Stéphane qui nous demande : « En dehors de l’incitation CRE4, quelles sont les motivations des développeurs pour faire appel au crowdlending ? »

A : Effectivement, il y a les incitations CRE4, c’est celles qu’on évoquait là, la bonification de la revente de l’énergie. Après, ça, parmi les développeurs qu’on a eus, on a des PME, ETI et filiales de gros groupes puisqu’on a eu notamment EDF Energies Nouvelles qui est passé à plusieurs reprises sur notre plateforme et qui va continuer à le faire, toutes ne voient pas forcément un intérêt financier. Ce serait faux de vous dire que EDF Energies Nouvelles voit les opérations qu’on a faites avec eux comme un intérêt économique. Néanmoins, pour la plupart des projets qu’on présente, on répond à une demande du territoire, à une demande des riverains du projet qui souhaitent participer à ces financements.

On a bouclé récemment deux opérations pour Valorem pour lesquelles on a eu plus de 80 % du montant collecté qui provenait du territoire. J’entends par territoire, les habitants des communautés de commune concernés par le projet : pour l’un des deux projets qu’on a présentés et pour l’autre, les habitants du département et des départements limitrophes.

M : On fait appel au local, est-ce qu’on fait ça pour passer des projets qui sont difficiles à passer ? Est-ce que c’est la raison ? Je pense notamment aux éoliennes qui peuvent être plutôt contestées par certaines populations.

D’ailleurs, on un prêteur actif chez nous du nom de Jacquot et qui lui, nous dit souvent : « L’éolien à contester ». Il nous envoie des liens vers des articles notamment. Il vit dans le Gers. Je crois qu’ils n’aiment pas trop les éoliennes par là-bas. Est-ce que c’est ça ? Est-ce que c’est ça qu’on veut faire avec le local, c’est pour ça ? C’est pour se dire : « OK, il y a une certaine gêne, les riverains peuvent être confrontés à cette gêne et puis on va compenser ça par le fait de les laisser financer ». Est-ce que c’est pour ça qu’on a fait ça ou est-ce qu’il y a une autre raison ?

A : Là, en l’occurrence, dans les chiffres que je t’ai cités, plus de 80 % des montants sur 350 000 € qui ont été collectés viennent du territoire. Ça prouve que tout le monde n’est pas forcément opposé à ce type de projet.

Et puis, est-ce que c’est pour faire passer le projet ? Là, en l’occurrence, les deux projets qu’on a financés dans ces conditions, et un certain nombre d’autres ont déjà toutes leurs autorisations. Elles sont déjà acceptées. Donc, le développeur n’aurait plus aucun intérêt à faire passer le projet puisque le projet, il peut l’installer coute que coute.

Néanmoins, ça entre dans cette philosophie effectivement de pouvoir faire participer les populations locales qui sont impactées par ces projets puisqu’il y a un impact. Ne serait-ce que pour une éolienne, il y a un impact visuel, même si la règlementation impose d’être éloigné à plus de 500 mètres de toute habitation, mais ça représente quand même un impact visuel.

Certains trouvent ça plutôt assez joli, j’en fais partie… Et puis, M. Lagerfeld en fait partie également parce que si vous regardez sur mon LinkedIn aujourd’hui, j’ai publié une de ses belles citations : « Si j’avais un château, j’installerais une haie d’éoliennes pour y accéder tellement je trouve ça joli ». C’est M. Lagerfeld qui a dit ça assez récemment.

Mais, les projets éoliens, ce sont des projets de territoire qui se développent avec les habitants du territoire. On demande l’avis aux habitants du territoire. On leur demande leur avis avant d’installer un parc. Il y a une commission, il y a une enquête publique qui est effectuée. Les collectivités sont aussi concernées, les collectivités vont donner leur avis à la préfecture sur un projet éolien. Donc bien entendu, s’agissant du projet de territoire, il parait naturel à la plupart des développeurs éoliens de pouvoir proposer une solution qui peut intéresser les riverains : c’est de participer au financement.

M : D’accord. Et avec un taux bonifié en plus souvent dans les projets.

A : Ça, c’est ce qu’on propose nous. Effectivement, nous, on fixe un taux d’intérêt pour les opérations qu’on présente et on laisse la possibilité aux développeurs de bonifier ce taux pour les habitants qui le souhaitent sur la base d’un périmètre géographique.

M : Et si on a envie un petit peu sur votre plateforme… Aujourd’hui, vous êtes combien ?

A : Aujourd’hui, nous on est une assez petite équipe : on est cinq. On va bientôt intégrer une autre personne dans les semaines qui viennent.

Deux dans l’analyse des projets, plus mon associée également qui fait un peu d’analyse de projets. Ce n’est pas sa formation d’origine, mais elle connait bien le secteur donc elle peut avoir son avis sur certains points, juridiques notamment. Et puis, deux personnes qui font de la communication et une personne qui est au Back Office, qui répond aux questions des prêteurs.

M : Vous, vous n’avez fait aucune levée de fonds depuis l’origine ?

A : Nous, on est indépendant. On finance une entreprise sur son activité, d’une part et sur ce qu’on a pu apporter, mon associé et moi-même.

M : D’accord. Aujourd’hui, j’imagine que les financements actuels ne sont pas suffisants pour financer l’activité. Si, ça l’est ?

A : Aujourd’hui, on n’envisage pas de faire de levée de fonds prochainement. On a une assez bonne visibilité sur les projets qu’on va présenter dans les mois qui viennent puisqu’à la différence des plateformes généralistes, les dossiers, nous, on les étudie parfois jusqu’à 6 mois avant de les présenter au financement sur notre plateforme. Et donc, on a une assez bonne visibilité sur notre activité et puis on arrive à faire tourner la boutique avec les fonds qu’on y a investis et qu’on continue à investir pour nous développer.

Notre stratégie, depuis le début, ça n’a pas été de faire des grosses levées de fonds pour développer l’activité beaucoup plus rapidement. On sait qu’on travaille sur un nombre d’acteurs qui est relativement limité dans les énergies renouvelables. J’ai compté tout à l’heure une vingtaine d’acteurs qui ont pignon sur rue et une cinquantaine d’acteurs en tout dans l’éolien, un petit peu plus dans le photovoltaïque. Mais on a décidé d’amorcer le financement participatif dans ce secteur et de le laisser arriver à son rythme. On sait qu’il arrivera. Il prend son rythme, on n’a pas besoin d’avoir une croissance exponentielle au début. On sait que ça arrivera. Comme ça se voit aujourd’hui puisqu’on apparait souvent parmi le trio des plateformes qui collectent le plus sur les sondages que tu fais.

M : Très bien. Les prêteurs aujourd’hui… Tu nous as parlé de 5000 prêteurs, c’est 5000 prêteurs actifs ?

A : Oui.

M : Les gens qui prêtent régulièrement. Est-ce qu’ils sont similaires à ceux qui prêtent sur les plateformes généralistes ? Est-ce qu’on est aux alentours de 160 € en moyenne par prêt ? Est-ce qu’on est plus élevé que ça ?

A : On est beaucoup plus élevé que ça, oui.

M : Est-ce que ça s’explique parce que vous avez beaucoup d’instits ou beaucoup en tout cas de personnes morales qui prêtent ou… ? Comment on pourrait définir un petit peu les prêteurs aujourd’hui de la plateforme ?

A : Les prêteurs, c’est quasiment que des particuliers. On a quelques institutionnels qui arrivent au financement, mais pas sur tous les projets. On ne leur permet pas d’arriver sur tous les projets. Quand on est sur des collectes entre 100 et 300 000 €, les particuliers suffisent. On n’a pas besoin d’aller toquer à la porte des institutionnels pour aller leur demander des financements, les particuliers suffisent et parfois, très rapidement.

On a financé une opération, il n’y a pas très longtemps, le premier objectif, c’était 100 000 € de collecte qui a été beaucoup en 4 heures et demie. Et la semaine d’après, on a mis une opération avec un premier objectif à 70 000 € qui a été collecté en une heure. Donc, là, on n’aurait aucun intérêt à aller solliciter des institutionnels.

Néanmoins, sur certaines opérations, on arrive sur des montants plus importants, et quand on arrive sur des montants plus importants, on permet aux institutionnels de s’intéresser à ces projets. Et ce sera le cas probablement sur d’autres opérations qu’on présentera. Mais aujourd’hui, 95 % du montant collecté provient de particuliers.

M : Sur tous les flux financés ? 95 % en tout sur tous les projets ?

A : Sur l’ensemble du montant qu’on a collecté, 95 % proviennent de particuliers.

M : D’accord. Et ils prennent des montants beaucoup plus élevés que les 160 € moyens ?

A : Ils prêtent en moyenne 1050 €.

M : 1050 €. Ouais, ce qui n’est pas du tout la même… Ça me fait revenir sur… Je pense qu’au début vous étiez avec des bons de caisse ?

A : Oui.

M : Ce qui vous permettait justement de ne pas être limité par le montant des 1000 €.

A : On a commencé notre activité. Pendant les 9 premiers mois de notre activité, on était en état IFP. Avec une limite qui à l’époque était de 1000 € par prêt. Et puis ensuite, on avait, je ne me rappelle plus exactement des retours qu’on avait à l’époque, mais on devait avoir à peu près un tiers des prêts qui était au plafond : 1000 €. Donc, bien entendu, on a senti que c’était une contrainte cette limite de 1000 € puisque quand un riverain d’un projet veut s’investir sur le projet éolien qui est à côté de chez lui et qui va sortir après 7 années de développement s’il s’implique, ce n’est pas pour mettre 300 €. S’il s’inscrit sur une plateforme de crowdfunding, c’est peut-être la première fois parfois qu’il entend parler de crowdlending, s’il a cette démarche d’aller jusque-là, c’est qu’il va mettre un montant plus important.

C’est ce qu’on constate sur certaines opérations, c’est que les riverains arrivent parfois au plafond qu’on propose. Et pour certaines opérations, on met des plafonds qui peuvent être de 5000 € pour les riverains ou de 10 000 € pour les riverains. Et il n’est pas rare d’avoir un nombre conséquent de riverains qui mettent le montant maximum qui leur est proposé.

M : Vous êtes à un cout hyper faible d’acquisition des riverains. Parce qu’en plus, il y a les territoires qui s’occupent de vous les amener.

A : Après, ça, c’est tout un travail effectivement des développeurs qui connaissent le territoire, qui travaillent sur le territoire déjà depuis quelques années. C’est un travail ! Nous, pour aller faire de la pédagogie, pour expliquer comment ça fonctionne, quels sont les risques, quels sont les intérêts, est-ce que ça correspond à leur réalité d’investissement.

C’est pour ça que le travail qu’on fait, ce n’est pas le même que la plupart des plateformes généralistes. Notre acquisition de clients, elle ne passe pas par l’achat de mots-clés, elle ne passe pas par le numérique. Nous, on est un acteur du territoire et on a vraiment pour vocation d’impliquer préférentiellement les gens qui sont concernés par le projet dans les financements qui sont proposés.

M : D’accord. Pour revenir sur le statut, aujourd’hui vous utilisez le double statut IFP-CIP ? J’imagine que jusqu’à 2000 €, vous faites du statut IFP parce que c’est beaucoup plus simple et puis au-delà de 2000 €, vous passez en CIP. Minibons ou obligations ou…

A : Effectivement, on avait commencé là-dessus. On a commencé en IFP, et ensuite on a voulu permettre à nos investisseurs de mettre des tickets plus importants, donc on a proposé des bons de caisse. Et les bons de caisse ayant était révisés assez récemment, on a obtenu le statut de CIP quand le bon de caisse est devenu le minibon, intermédié par des conseillers en investissement participatif.

Aujourd’hui, les produits qu’on propose, c’est des minibons ou des obligations. On propose des obligations principalement quand on veut avoir des institutionnels qui participent parce qu’ils ne peuvent pas le faire via des minibons. Et on propose des obligations quand on souhaite collecter des montants assez importants.

M : D’accord. Les gros projets, vous êtes surtout sur de l’obligation ?

A : C’est ça. Les gros projets, on est surtout sur de l’obligation. Et, les plus petits, quand on n’a pas de raisons particulières de proposer de l’obligation, on propose un minimum.

M : Et en dessous de 2000 €, vous ne faites pas de contrat de prêt ?

A : Non, on ne fait pas de contrat de prêt. On ne fait pas de contrat de prêt, on serait amené à en faire pour répondre à certains projets qui ne pourraient pas se financer ni en minibons ni en obligations. Mais aujourd’hui, depuis qu’on est CIP, on ne fait plus de contrat de prêt.

M : Ça veut dire que le statut IFP ne vous sert plus.

A : On n’a plus de statut IFP.

M : Ah ! Je croyais que vous aviez le double statut. D’accord.

A : En devenant CIP, on a quitté le statut IFP.

M : Parce qu’il me semble qu’on peut garder les deux.

A : On peut garder les deux. On reprendra probablement le statut IFP pour répondre à certaines contraintes juridiques quand on en aura besoin.

M : Parce que je pense que de toute façon, c’est ce que vont faire la plupart des plateformes. Le statut CIP est quand même contraignant. Donc les plateformes qui vont vouloir prêter moins de 2000 €, ils vont rester sur un statut CIP, ils vont faire aux prêteurs de moins de 2000 € des contrats de prêt. Par contre, quand ça sera au-dessus de 2000 €, ils feront des minibons.

A : Oui, effectivement.

M : Donc, ils garderont les deux statuts.

A : Oui, la plupart du temps, ils pourront garder les deux statuts.

M : D’accord. Très bien. Écoute, c’est clair. Il y a Stéphane qui nous demande si vous aviez prévu d’aller sur l’international.

A : Aujourd’hui, dans un court terme, il n’est pas prévu qu’on aille sur l’international. Néanmoins, les énergies renouvelables, ça concerne un peu toute la planète et ça concerne de plus en plus les pays africains notamment, et les pays en développement dans son ensemble.

Puisque là, par exemple, en 2015, c’était la première année où les investissements dans les énergies renouvelables dans les pays en voie de développement étaient plus importants que les investissements dans les énergies renouvelables pour les pays dits développés.

Et cet écart, il va se creuser de plus en plus et ça s’explique bien d’une manière assez facile. C’est qu’en France, par exemple, on a déjà beaucoup d’infrastructures de production d’énergie aux énergies que vous connaissez tous : le nucléaire, qui va continuer à perdurer encore pendant quelques années.

M : Qui a fait l’objet du débat des présidentielles sur France 2 la dernière fois.

A : C’est un sujet qui revient souvent sur le plateau en période électorale.

Mais les pays africains pour la plupart n’ont pas un réseau d’électrification aussi performant que celui qu’on a en France. Et, en plus, ce sont des pays où il y a un potentiel d’énergie renouvelable qui est juste faramineux. Les pays africains pour la plupart bénéficient de taux d’ensoleillement qui sont exceptionnels et également de conditions de vents qui, pour beaucoup de pays, sont particulièrement remarquables.

Et donc, ils auraient tous les intérêts à développer au maximum les énergies renouvelables dans ces pays pour ces raisons-là, et également pour des raisons géopolitiques. Puisqu’il y a beaucoup de pays qui dépendent de leurs voisins parce qu’ils n’ont pas leurs propres sources de production d’énergie.

Et, je n’exclus pas l’idée que d’ici quelques années, on financera des projets africains.

M : De sociétés françaises qui participent à l’Afrique ou de sociétés africaines ?

A : Ça, on l’a déjà fait parce qu’on a plusieurs de nos clients qui sont installés sur le continent africain depuis quelques années déjà. Mais aujourd’hui, avec le statut, on ne peut pas financer directement les projets africains. Et les règlementations africaines ne permettent pas pour la plupart de mettre en place du financement participatif.

Mais quand on arrivera sur ces pays, quand les règlementations le permettront, ce sera pour financer les filiales des sociétés françaises qui développent leurs projets d’énergie renouvelable en Afrique. Donc, on financera directement les sociétés africaines.

Après ça, il faut que les énergies renouvelables soient suffisamment matures dans ces pays. Pour ça, il faut que le système permette aux développeurs et aux projets d’avoir un modèle économique qui soit pérenne et facilement anticipable.

M : D’accord. Donc, pas d’objectifs Europe, Espagne, Italie, Allemagne ?

A : Non.

M : Si c’est l’internationalisation, c’est plutôt l’Afrique.

A : C’est ça.

M : Ça, c’est clair. Écoute, moi, j’ai fait à peu près le tour de la question, ce que je te propose, c’est qu’on fasse le tour des questions de nos auditeurs. Comme on dit, il n’y a pas de question indiscrète, il y a que les réponses qui peuvent être gênantes. On fait un petit tour ensemble ?

Il y a Stéphane qui demande : « Vous faites un appel à manifestation d’intérêt pour l’éclairage publique. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur cette initiative ? »

A : Effectivement, on souhaite financer les collectivités dans leurs projets de rénovation d’éclairage publique. Après ça, aujourd’hui, on n’a pas encore proposé ce type de projet pour des raisons règlementaires. Pas que la demande ne soit pas au rendez-vous, mais que la règlementation pour le financement participatif des collectivités aujourd’hui laisse quelques contraintes. Mais ça va se débloquer prochainement et on espère que bientôt, on aura des opérations à proposer dans ce cadre-là.

M : Vous n’avez pas déjà eu de commune ?

A : Non. Aujourd’hui, on n’a pas eu encore de commune, on a eu des sollicitations. Il y a des dossiers qui sont à l’étude en ce moment. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que les collectivités sont souvent moins réactives par leur circuit de décision, elles sont moins réactives que les sociétés privées donc forcément, ça prend un peu plus de temps de financer des projets de collectivité que des projets d’entreprise de lois privées.

M : D’accord.

A : Mais ça viendra sur notre plateforme.

M : Juste une petite parenthèse, c’est Pascal qui nous dit : « Si je ne me trompe pas, Lendosphere est client de ta femme avec VineaBox ». C’est marrant parce que Pascal avait vu ça la dernière fois, ma femme avait mis une petite box derrière pour faire de la pub. Je crois que tu l’as vue au trophée du crowdlending, elle a réussi à te faire acheter une VineaBox.

A : Voilà.

M : Pour moi, c’était la surprise. Je le dis, je ne savais pas qu’il y avait une VineaBox donc c’est assez rigolo. En tout cas, merci pour le clin d’œil. C’est assez sympa.

A : Je ne les ai pas encore goutés, mais j’ai été séduit par les offres qui ont été proposées sur VineaBox.

M : C’est sympa, tu me diras. Revenons sur du plus sérieux. Théodoro nous dit : « Lendosphere est donc déjà rentable ? »

A : Ça, si Thédoro pose la question, c’est peut-être qu’il a regardé, il a cherché à trouver nos chiffres. Moi, je vous rassure, on n’a aucun problème à financer notre activité dans les mois qui viennent. Et même dans années qui viennent, on n’image pas de problèmes particuliers quant au développement de notre structure, même en étant autonome comme on l’est aujourd’hui. À part ça, on ne communique pas sur les chiffres et les résultats de Lendosphere.

M : J’ai : « Quel est le pipe des projets à venir ? » donc j’imagine que c’est : « Quel est le montant que vous souhaitez financer cette année ? »

A : Bientôt, on va faire une très grosse opération. Je pense qu’on va même faire une opération record sur notre plateforme avec un nouvel acteur qu’on connait depuis assez longtemps puisqu’on est en pour parler depuis plusieurs mois, plusieurs longs mois même. Et ce sera en ligne d’ici quelques semaines donc je vous invite à aller regarder cette opération qui va être un record national, et peut-être même international.

M : Donc, en une opération, vous allez faire le financement de l’année dernière ?

A : Quel financement de l’année dernière ?

M : Je ne sais pas, le montant global du financement de l’année dernière.

A : Ah bah non ! Puisqu’on est quand même limité à 2,5 millions par projet ou par entreprise financés.

M : D’accord.

A : Et après ça, la question, c’était par rapport à notre pipe de projet ?

M : Ouais, quel est le pipe de projet à venir ?

A : Ça se développe de plus en plus. Là, en ce moment, on doit avoir 5 projets qui sont présentés sur la plateforme. On en aura à peu près autant dans les mois qui viennent.

M : D’accord.

A : On ne cherche pas spécialement à avoir un maximum de projets. On préfère bien entendu arriver sur des montants de plus en plus conséquents, mais en conservant toujours une bonne qualité dans les projets qu’on présente.

M : J’ai XM qui demande : « Que pensez-vous de la concurrence Enerfip, Wiseed ? » J’en ai parlé un petit peu avec toi avant. Lumo… C’est vrai que c’est un secteur qui est très concurrentiel. Lendopolis, il commence à faire de l’énergie. Est-ce que ça, tu penses que ça va avoir un impact sur votre évolution ? Est-ce que tu l’as subi de plein fouet ? Est-ce que tu peux nous dire des choses là-dessus ?

A : Il commence à y avoir une concurrence. Après, ça, on a l’avantage d’avoir financé pas mal de projets. Parmi les plateformes spécialisées, je crois qu’on représente à peu près les trois quarts du volume financé, parmi les quelques plateformes qui sont spécialisées dans la transition énergétique. Donc, on est pas mal identifié sur le secteur de l’éolien principalement. Néanmoins, s’il y a une concurrence, c’est aussi qu’il y a un fort intérêt à financer les projets d’énergie renouvelable du côté des prêteurs et du côté des emprunteurs également. Donc, je trouve que c’est plutôt un bon signe pour le secteur et je ne trouve pas que ce soit mauvais pour Lendosphere.

M : D’accord. Tu penses que ça aide au secteur, cette concurrence ?

A : Oui, je pense que ça aide au secteur. Ça aide au secteur, ça permet de faire connaitre le financement participatif auprès des acteurs des énergies renouvelables. Tous ne le connaissent pas forcément. Enfin, dans l’éolien, je pense qu’on connait déjà la plupart des acteurs, on les a presque tous rencontrés au moins une fois. C’est un petit milieu quand même.

Dans le photovoltaïque, il y a un peu plus d’acteurs, tous ne nous connaissent pas, je pense. Et, le fait qu’il y ait différentes solutions de financement qui existent sur le marché, ça permet d’avoir plus de projets qui sont financés à mon avis. Et donc, ça permet aux territoires de demander de plus en plus de financement participatif puisqu’il y a pas mal de projets qui sont présentés sur notre plateforme. Parce que les riverains ou parce que les élus sur les territoires ont sollicité les entreprises qui développent leurs projets depuis déjà quelques années pour leur demander quelle solution de financement il pouvait y avoir en incluant les riverains.

Donc, à mon avis, plus il y aura de projets qui seront présentés en financement participatif, ça ne peut être que vertueux, je pense, pour le secteur, que ça se développe de plus en plus. Même si c’est par différents acteurs.

M : Très bien. Et puis, on parlait tout à l’heure aussi des acteurs eux-mêmes qui dans certains cas peuvent lancer leur propre plateforme pour leur propre produit.

A : Ouais. Effectivement, là, il y a un acteur qui s’est lancé aujourd’hui ou hier, qui est un développeur d’énergie renouvelable et qui a lancé sa plateforme pour ses propres projets. C’est une initiative que je trouve aussi très bien, qui ne nous fait pas spécialement peur. C’est un client en moins qui présente des projets sur notre plateforme, mais ça montre le réel intérêt qu’ont ces entreprises à solliciter le financement depuis des particuliers.

M : Ouais, d’accord. Si on fait un petit peu le tour des questions… Bon, je ne sais pas si c’est vraiment une question, en tout cas, c’est un lien qui existe, on le sait, nous, sur notre forum, c’est : « Que pensez-vous des liens familiaux entre la patronne de la plateforme et le dirigeant d’InnoVent ? ». Je crois que ce n’est pas un secret, Laure, ton associé est, je ne sais pas, c’est la fille, je crois, du patron d’InnoVent. C’est ça ?

A : Oui. Effectivement, il y a un lien familial. Avec un nom comme ça, on ne peut pas le cacher, on ne cherche pas non plus à le cacher.

Pour certains, notamment les institutionnels, ça les rassure cette proximité parce que ça montre qu’on connait le secteur. Si on parle d’InnoVent, InnoVent, c’est la première entreprise française à avoir installé une éolienne en France. Et puis également, la première entreprise à avoir installé des éoliennes en Afrique du Sud qui ensuite ont été revendues à EDF Energies Nouvelles. Puis également, la première entreprise à avoir installé des parcs photovoltaïques en Namibie. Également la première entreprise à avoir installé des éoliennes en Namibie et puis dans tout un tas de pays africains puisque c’est une entreprise qui se développe beaucoup, et beaucoup sur le territoire africain.

Un des points les plus importants dans la finance, bien entendu, il y a une analyse rationnelle, comptable et juridique des projets, mais on a aussi besoin d’avoir un lien de confiance avec les emprunteurs. Et le fait qu’il y a un lien familial, je trouve que ça peut renforcer ce lien de confiance. Comme celui qu’on a avec d’autres emprunteurs puisqu’on a quand même un certain nombre d’emprunteurs qui ont proposé différentes opérations sur notre plateforme. Et je trouve que ça peut n’être que bien ! Dans tous les cas, c’est lié aussi au secteur dans lequel on évolue qui concentre un nombre assez petit d’acteurs.

M : Et je crois qu’on peut aussi parler du lancement aujourd’hui, parce que nos auditeurs ne le savent pas forcément, mais c’est vrai qu’aujourd’hui il y a Eiffel… (bon, j’en ai déjà parlé plusieurs fois sur le blog)… qui a financé et qui a en tout cas sponsorisé les Trophées du crowdlending. C’est une société de gestion spécialisée dans le crowdlending et qui a lancé un fonds aujourd’hui qui est aussi dédié à la transition énergétique.

A : Oui. Effectivement, nos chers amis d’Eiffel, qu’on connait bien, bien entendu puisqu’on est sur le même secteur et il pourra nous arriver de financer les mêmes projets. Si ce n’est pas déjà arrivé.

Nous, on lançait aujourd’hui, on a annoncé un fonds assez conséquent pour financer les phases de construction des projets d’énergie renouvelable. On est partenaire d’Eiffel sur certains projets, et on trouve que cette solution de financement qu’ils proposent, elle est vachement intéressante pour tous les développeurs. Elle propose du financement là où il n’y en avait jusqu’alors pas tellement, puisqu’une banque n’arrive dans le financement de ces projets qu’à partir du moment où les éoliennes sont presque installées. Elle n’arrive en général pas spécialement plus tôt et puis elle met pas mal de temps avant d’analyser les projets.

Comme je vous indiquais, dans les énergies renouvelables, c’est tout un montage financier qu’il y a, avec les différentes sources de financement : bancaire, financement de l’actionnaire, financement également de fonds d’investissement qui proposent différentes solutions, financement qu’on propose nous, Lendosphere. Et, c’est tout à fait bénéfique pour la planète et pour la transition énergétique que des fonds institutionnels et des fonds européens participent à la transition énergétique à ce point là.

M : D’accord. Je pense aussi que l’intérêt des institutionnels, pour moi, ça renforce, je dirais, les qualités de ce marché.

A : Complètement.

M : Ça professionnalise, en tout cas, c’est ma vision. On verra à terme, parce que c’est vrai que je ne suis pas devin, mais j’ai le sentiment que ça professionnalise un peu le marché.

A : Comme je l’ai indiqué tout à l’heure, on ne permet pas aux fonds institutionnels d’arriver au financement de tous nos projets parce qu’on n’en a pas forcément besoin. Néanmoins, le fait qu’on travaille en partenariat avec des institutionnels qui ont leur regard, leur vision assez conservatrice sur les investissements qu’ils peuvent effectuer, ça ne peut que permettre au marché de bien fonctionner dans l’analyse, dans la qualité des projets qui sont présentés.

Et, ça permettra dans tous les cas d’éviter que les plateformes puissent avoir des taux de défaut parfois assez importants comme ce qui peut se voir sur certaines plateformes, malheureusement. Puisque je ne pense pas que ça soit bon pour le développement du crowdlending que les particuliers ne retrouvent pas leur argent, qu’ils ont investi, sans savoir parfois le risque qu’ils prenaient en participant à cette solution très innovante.

 

M : Très bien. Écoute, Amaury, je te remercie. Cela touche à sa fin parce que je promets qu’on ne dépassera pas une heure. Donc, voilà, nous sommes à 58 minutes. On n’aura pas forcément répondu à toutes les questions. Il y a Manu qui dit que t’es très pro d’avoir répondu à une petite question gênante sur Laure.

A : Ce n’est pas une question gênante, et c’est même précisé sur toutes les pages de projet dans la documentation… Déjà, ça se voit au niveau des noms, on ne cache pas qui est le patron d’InnoVent, et puis on l’indique en toute transparence, ça nous parait normal.

Les institutionnels, ce qu’on a constaté, c’est que souvent ça les rassure, ce lien familial parce que c’est un intérêt qu’il y a des deux côtés au niveau de la plateforme et au niveau également de l’entreprise qu’on finance. Et, on est sur un petit marché, on a besoin de le connaitre, dans les énergies renouvelables, je crois, j’allais dire « On se connait tous ». On ne se connait pas tous, mais ça reste quand même un petit marché qui œuvre ensemble pour cette belle transition énergétique qu’on est en train de vivre.

M : Très bien. Écoute, Amaury, je te remercie vraiment. Moi, c’est vrai que je ne parle pas forcément beaucoup de vous sur le blog parce que mon background est plus financement des TPE, PME, parce que c’est mon métier à la base. Ça m’a fait plaisir en tout cas d’essayer de mieux comprendre ce que vous faites, je vais essayer de m’y intéresser encore plus. En tout cas, merci de m’avoir expliqué. Et puis, j’espère que les gens qui ont suivi ont trouvé ça intéressant.

De toute façon, la vidéo, elle sera diffusée sur le blog très prochainement, semaine prochaine, je pense, et retranscrite par écrit donc on pourra la revisionner.

A : D’accord.

M : J’imagine que si des gens ont des questions, ils peuvent toujours contacter Lendosphere.

A : Bien entendu. Là, je regarde les fils des questions qui ont été posées. Je remercie tous ceux qui nous remercient pour cet entretien. Et bien entendu, on n’a pas eu le temps de répondre à toutes les questions.

N’hésitez pas à nous solliciter sur Lendosphere, on a une adresse générique : contact@lendosphere.com, je regarde la plupart des e-mails qui peuvent me concerner. Et en tout cas, on répond avec professionnalisme et avec parfois pas mal de précisions parce que tout le monde ne connait pas les énergies renouvelables et la manière dont ces projets sont financés. N’hésitez pas à nous solliciter, on est là pour ça, on est conseillers et on est là pour vous conseiller.

M : Très bien. Il me reste à remercier tout le monde de nous avoir suivis, d’avoir posé des questions. On sent qu’il y a des passionnés donc ça fait toujours plaisir. En tout cas, moi, ça me fait toujours plaisir. On va terminer cette vidéo.

Amaury, tu restes avec moi ? Je coupe juste le lien direct et puis voilà. À très bientôt à tous !

A : À très bientôt ! Merci à tout le monde.

M : Allez, au revoir.

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